Paganisme - Druidisme
Peut-on se dire Druide aujourd’hui ?
Cet article est paru dans le numéro 53 de la revue Message du Groupe Druidique des Gaules
Peut-on se dire Druide aujourd’hui ? Belenertos
Le nom des Druidisants modernes soulève plusieurs problèmes comme celui de la nature d’un Druide antique, de l’existence d’une filiation historiquement valide entre Druuidiacto/Druuidia (1) antique et contemporaine. La possibilité pour une hiérarchie sacerdotale druidique d’exister en dehors d’une société celtique est une troisième interrogation tout aussi problématique.
Qu’est ce qu’un Druide antique ?
Cette question revient plutôt à s’interroger sur que nous savons, aujourd’hui, des Druides de l’antiquité... En effet, notre ignorance de ce qu’était autrefois la classe sacerdotale des Celtes (et la société celtique) transforme beaucoup de choses jadis évidentes en énigmes insolubles.
Pourquoi ? Parce que les Druides antiques ne confiaient pas à l’écrit leurs concepts philosophiques ou religieux. De ce fait, l’équivalent de la littérature philosophique grecque ou du Livre des morts égyptien n’existe pas. De plus, après l’interdiction des Druides par Auguste, Tibère, Claude, la christianisation s’efforça de faire disparaître tout ce qui pouvait rester de la Tradition druidique. Ainsi, St Patrick s’est violemment opposé aux Druides et à leurs pratiques :
- ''une grande foule de Druides s’était rassemblée autour du premier Druide du nom de Recrad qui voulut tuer Saint Patrick''.
- ''Saint Patrick se battit contre les Druides au coeur dur. Il écrasa les orgueilleux avec l’aide que lui donna le ciel blanc et il purifia l’Irlande aux vertes plaines ...Son jugement nous a libérés de la condamnation et de la méchanceté des sombres démons''. (textes médiévaux chrétiens du haut Moyen Age irlandais, traduit par C. J. Guyonvarc’h et cités dans son livre Les Druides).
Son nom ''DRU-VID'' signifie ''très sage, très voyant'', la sagesse étant intimement liée à la divination, le don de double vue. Il y aussi un jeu de mot possible avec ''dru'' (le chêne) car la divination utilisait souvent des baguettes en bois de chêne, et le Druide était parfois comparé au Sanglier se nourrissant des glands sous le chêne.
Pendant longtemps on a voulu dissocier le prêtre du philosophe. C’est oublier l’importance sociale des sacrifices et de la divination dans la société antique. Si le Druide parle avant le roi et doit être consulté lors de toute décision impliquant l’avenir de la Teuta, c’est parce qu’il est l’interprète de la volonté des Dieux. Sa ''sagesse'' n’a donc pas forcément l’aspect scientifique ou philosophique qu’on peut lui prêter aujourd’hui. Si le Druide était parfois aussi un astronome capable d’élaborer un calendrier comme celui de Coligny, c’était davantage l’astrologue qui était reconnu socialement. On peut aujourd’hui le regretter ou non, suivant sa sensibilité personnelle et son interprétation du divin, mais Cicéron ne s’est pas trompé en admirant les qualités de devin chez son ami Divitiacos. Car ce grand aristocrate éduen, chef de guerre, diplomate et Druide, était aussi un ''vulgaire'' astrologue qui s’était (de ce fait ?) acquis le respect de César et Cicéron !
Plusieurs auteurs antiques nous ont appris que le Druide n’était pas obligé de se battre, qu’il s’interposait parfois entre les armées et que sa pensée était comparable à celle du philosophe grec Pythagore. Faut-il, pour autant, voir le Druide comme un pacifiste refusant de porter les armes et de verser le sang comme les Pythagoriciens qui refusaient les sacrifices sanglants courants alors en Grèce ? Là encore les témoignages historiques sont impitoyables. Le Druide pouvait porter les armes et faire la guerre s’il le désirait (il n’était simplement pas obligé de le faire comme les autres membres de la tribu). C’est ce que montre Divitiacos venant en armes parler devant le Sénat romain, ou dirigeant l’armée éduenne au côté de César... De même, les traces archéologiques de sacrifices d’animaux montrent, sans aucune ambiguïté, que les Druides antiques n’étaient pas pythagoriciens sur ce point. Il devait probablement plutôt s’agir d’une correspondance sur la conception de la réincarnation et de l’Au-delà.
Quant aux Druides interrompant un conflit armé, ce n’est que le reflet de leur activité diplomatique qui pouvait aussi bien agir en sens contraire. Ainsi, lorsque Divitiacos vient à Rome en tant qu’ambassadeur de sa tribu, il cherche à persuader les Sénateurs d’intervenir en Gaule pour soutenir les Eduens et les Sequanes contre les menaces conjuguées des Helvetes d’Orgetorix et des Germains d’Arioviste.
Cette mise au point sur la situation antique ne préjuge pas bien sûr de l’évolution que la Druuidiacto aurait suivi, s’il n’y avait eu les persécutions romaines et chrétiennes. L’adaptation d’une spiritualité à une époque explique par exemple l’absence de rites sanglants dans les réunions druidiques modernes. Elle est dans la ligne générale de l’atténuation puis de la disparition des sacrifices humains, courants à la fin de l’âge du bronze.
Les rituels druidiques antiques sont très mal connus, nous n’avons que quelques indices provenant des fouilles archéologiques et de rares descriptions tronquées souvent malveillantes. César et les moines chrétiens irlandais avaient de nombreuses raisons de souligner la barbarie réelle ou supposée des Celtes. Notre connaissance de la mythologie est si lacunaire qu’il est difficile d’identifier une Divinité anonyme ou de comparer des archétypes mythologiques d’une région à une autre. L’Irlande, du fait des transcriptions médiévales, reste, et restera encore longtemps, la source principale de nos connaissances, en parallèle avec les témoignages de contemporains grecs ou latins et les fouilles archéologiques. Toutes ces approches permettent de dégager un certain nombre d’idées générales sur la Druuidiacto et la Druuidia, et surtout de vérifier ou non les hypothèses que l’on peut faire aujourd’hui.
Nous savons par exemple que la Druuidia n’était pas dualiste, qu’il n’y avait pas de Dieu créateur (comme dans la Genèse biblique) puisque la Nature est antérieure aux Dieux et aux hommes, que le panthéisme druidique était selon les cas moniste ou polythéiste. La Druuidia a souvent été comparée par des auteurs grecs de l’antiquité au Pythagorisme, ce qui montre ses qualités intrinsèques lorsque l’on sait le mépris des Grecs pour tous les ''barbares''.
Existe-t-il une filiation historiquement valide entre la Druidecht antique et contemporain ?
Entre les derniers Druides irlandais du Xe siècle et leurs fils spirituels du XVIIIe siècle il y a un fossé apparemment infranchissable. Les connaissances matérielles des Druides contemporains (quel qu’en soit le nom) sont en retrait vis à vis du savoir scientifique contemporain et encore plus de celles, matérielles ou spirituelles, des Druides antiques. Ce qui est en contradiction avec l’hypothèse d’une filiation valide au cours du Moyen Age. Il faut tout de même relativiser ce problème en supposant que notre époque (fin de cycle de l’âge du fer) n’est pas favorable à l’expression de la spiritualité en général. Les différentes résurgences des paganismes antiques souffrant aujourd’hui d’une situation très défavorable, conjuguant l’emprise sociale matérialiste avec l’hostilité traditionnelle des monothéismes bibliques.
- L’existence d’un Collège druidique invisible et secret
C’est le thème du livre de P. Bouchet Le mystère de Perrières les chênes où un Collège druidique secret aurait subsisté dans une sorte de monde parallèle. Cette hypothèse séduisante ''explique'', en raison de son caractère ésotérique (c’est-à-dire caché) l’absence de traces historiques. Mais par contre elle n’explique pas les lacunes doctrinales des groupes contemporains. Nous ne pouvons parler avec certitude que dans le cas de notre Collège. Pour les autres, la réponse est plus difficile car à côté de l’enseignement exotérique (revues, conférences, etc.) il peut exister des connaissances ésotériques auxquelles nous n’avons pas eu accès. Enfin, l’hypothèse d’un Initié souhaitant conserver l’anonymat ne peut être écartée, même si elle sert parfois d’alibi commode.
- Une filiation par un ordre religieux chrétien.
Elle est très en faveur parmi ceux qui veulent concilier leur monothéisme irréductible avec leur goût pour la culture celtique. Ici, le problème n’est pas la filiation entre le Moyen Age et le XXe siècle, elle est tout à fait plausible et même probablement vérifiable historiquement, à condition d’avoir accès aux archives privées de certains monastères. La question est de comprendre pourquoi des Druides antiques auraient transmis leurs secrets les plus sacrés à des gens qui les ont combattus comme St Patrick ou St Martin. Si la torture peut briser la volonté humaine, elle n’a en effet aucune prise sur un egregore ou une Divinité... La source primordiale de la Druuidia est un lien entre les Divinités celtiques et les Druides antiques. Relation basée sur l’harmonie des Druides avec le divin et l’acceptation de ce contact par les entités divines. Est-il raisonnable d’imaginer que des chrétiens acceptent d’invoquer des entités dont ils nient la nature divine et qu’ils qualifient de ''démons'' ou ''d’idoles'' ? Comment d’autre part ces entités divines auraient-elles accepté un quelconque lien vis à vis d’une religion de pouvoir qui ne cherchait qu’à les exorciser ? De plus, cette ''filiation'' s’appuie souvent plus sur des à priori celtomanes des siècles derniers que sur des connaissances historiques sérieuses. Ainsi, il était en effet courant, encore au début du XXe siècle, de parler du ''Druide'' Jésus, de confondre Gaulois avec Galiléen ou Druidisme et Essenisme. Mais les connaissances historiques et linguistiques modernes, l’éclairage récent des sectes esseniennes par la traduction des manuscrits de la Mer Morte, devraient logiquement ruiner définitivement de telles assertions. Mais, il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre ...
Enfin, nous avons déjà vu qu’il existe des incompatibilités structurelles et irréductibles entre la doctrine monothéiste et toutes les formes de paganisme antique, Druidisme compris. Si certains Druides ont peut-être été plus monistes que d’autres (2), cette doctrine n’en est pas pour autant assimilable au monothéisme. Et ces incompatibilités feront toujours, aujourd’hui, comme hier, qu’un monothéiste ne sera pas en harmonie avec un egregore druidique historique.
- Une filiation par la sorcellerie médiévale.
Elle supposerait une organisation secrète parfaitement cloisonnée qui aurait bravé l’Inquisition et traversé des siècles de persécutions sans disparaître. L’hypothèse est séduisante par son romantisme mais, malheureusement, irréaliste. Il est invraisemblable qu’un individu (et à plus forte raison un groupe) ait pu enseigner et pratiquer des rites hétérodoxes sans être dénoncé, arrêté, torturé et éliminé avec ses éventuels ''complices''.
- Where there is a will, there is a way (''là où il y a une volonté, il y a un chemin'')...
S’il n’y a pas, comme nous venons de le voir, de filiation matérielle historiquement vérifiable, l’Esprit trouve souvent des solutions originales et imprévues à des problèmes apparemment insolubles. De plus, n’oublions pas que les Dieux ont heureusement donné beaucoup d’imagination aux Celtes... Ainsi, le néo-Druidisme s’est parfois appuyé sur des Francs-Maçons. C’est ce qui semble s’être passé le 22 septembre 1717 avec John Toland et Pierre des Maiseaux. Cette initiative ne fut peut-être que le résultat d’initiatives individuelles car l’OBOD a ensuite vite renoncé au panthéisme anticlérical initial pour accueillir dans ses rangs des pasteurs anglicans ou des Franc Maçons christianisants. Pour autant que nous le sachions (3), la plupart des obédiences franc-maçonnes, si elles pratiquent un certain monisme (pas toujours relativiste), n’ont aucune sympathie ou même tolérance, pour le polythéisme dans lequel elles ne voient qu’une vulgaire superstition à jeter aux poubelles de l’histoire. Quant à leur condamnation du monothéisme, il ne s’agit le plus souvent que du rejet de certains de ses dogmes, certainement pas de sa doctrine principielle. Si le paganisme celto druidique n’a donc pas grand chose à espérer de ces Groupes sur le plan officiel, il en va tout autrement de certains de leurs membres qui peuvent avoir, à titre individuel, une vision plus large de la spiritualité, voire même des objectifs personnels rejoignant les nôtres, sur le plan culturel par exemple.
Enfin, il existe encore des traditions païennes contemporaines bien vivantes en dehors de l’Europe, comme le Chamanisme ou l’Hindouisme, qui sont souvent plus polythéistes que monistes. La première présente des analogies indiscutables avec les religions préceltiques auxquelles s’est fondu le Druidisme antique, la seconde est la lointaine soeur du Druidisme du fait des migrations indo-européennes de l’âge du bronze.
A nous d’explorer ces portes entrouvertes en fonction de nos sensibilités individuelles. Il est encore trop tôt pour dire ce que peuvent donner toutes ces possibilités. Mais, dans notre vision du monde, il n’y a pas nécessairement une réponse unique et universelle à un problème, mais toute une série de solutions partielles et complémentaires même si elles peuvent parfois sembler contradictoires.
Une hiérarchie sacerdotale druidique peut-elle exister en dehors d’une société celtique traditionnelle ?
Comme l’ont montré les travaux de G. Dumezil sur la tripartition des sociétés indo-européennes, donc dans le cas qui nous intéresse, de la société celtique, les Druides formaient la classe des prêtres, à côté de celle des guerriers et des producteurs. Cette tripartition donnait un déséquilibre dynamique avec rotation autour du centre divin. Le triskell que chacun connaît en est une des représentations symboliques, même s’il peut parfois être utilisé dans un autre contexte. Avec l’invasion romaine, le roi celtique est remplacé par des fonctionnaires romains ou des ''collaborateurs'' gallo-romains. Les sociétés initiatiques guerrières disparaissent, ou se transforment, hors du contexte celtique, par exemple en culte à Hercule ou Mithra. Les Druides voient disparaître un certain nombre de leurs prérogatives (enseignement, diplomatie, justice, etc.). Les pratiques cultuelles, elles, sont acceptées au nom de la tolérance païenne, dans la mesure où elles ne troublent pas la fameuse Paix romaine, et, surtout, n’impliquent pas de citoyens romains (4). Et, en empêchant le renouvellement de l’élite druidique, Rome condamne les Collèges à dépérir lentement. Si certains professeurs d’université à Bordeaux continuent à porter le titre honorifique de ''Druides'' et si des prêtres gallo-romains continuent à pratiquer un culte celtique jusqu’à la fin du IV° siècle, le ressort est brisé, le triscèle ne tourne plus sur lui-même. Et, en effet, après la conquête, l’aspect matériel des cultes et les pratiques superstitieuses prennent le pas sur la philosophie et la spiritualité. Le coup de grâce sera la christianisation forcée de l’Europe, la fermeture des derniers sanctuaires et l’interdiction de toute pratique religieuse ou philosophique hors du cadre monothéiste. Mais la disparition des Collèges et des Druides eux mêmes n’a pas pour autant supprimé, comme nous l’avons montré, les croyances religieuses ou philosophiques attachées aux religions druidiques. Une spiritualité ne se limite pas à des rites, des sanctuaires et des prêtres. Il y a aussi des croyances individuelles et surtout un égrégore immortel. Enfin, dans certaines régions ou à certaines époques, l’emprise chrétienne n’était pas totale. En témoignent certaines pratiques païennes interdites à plusieurs reprises par les conciles du VIIIe, IXe et Xe siècle.
Certains parlent dédaigneusement de simples pratiques superstitieuses populaires à propos de ces combattants de la liberté. Mais, comment s’instruire quand les cultures antiques, celtique ou gréco-romaine, sont niées et que toute curiosité hétérodoxe sent le fagot ? Tous ces ancêtres n’avaient peut-être pas le ''droit'' de porter le titre de Druide, leurs connaissances étaient sans rapports avec les Druides de l’âge d’or et, du fait des persécutions, leur niveau tant spirituel qu’intellectuel a baissé de siècle en siècle. Mais ils étaient là et ce courant spirituel a continué à exister plus ou moins clandestinement. Sans qu’il y ait eu de filiation historique valide, nos prédécesseurs se forgeaient, seuls, une croyance en mélangeant leur désir de liberté avec leur rejet du monothéisme et le peu de ce qu’ils savaient des Druides antiques.
Aujourd’hui, nous ne risquons plus notre vie à nous réunir, à publier des revues ou à avouer officiellement notre croyance religieuse ou philosophique. L’Inquisition n’existe plus et l’état laïc protège toutes les formes de croyance dans la mesure où elles ne sont pas contraires à l’ordre public (c’est la nouvelle ''Paix romaine'' !). C’est ce que proclame en tous cas l’article 18 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Dans notre reconstruction de la tradition druidique, nous sommes aidés par des chercheurs matérialistes, athées ou même chrétiens, dont les travaux fournissent chaque jour des arguments historiques, linguistiques ou archéologiques en faveur d’une spiritualité druidique païenne, parfois polythéiste, parfois moniste, jamais monothéiste.
Parmi ceux qui souhaitent renouer avec la spiritualité antique, beaucoup d’entre nous lui ont consacré une partie importante de leurs loisirs ou de leur retraite. S’ils avaient vécu dans l’antiquité, la plupart auraient été admis parmi les élèves des Druides et certains auraient peut-être atteint cette dignité. Du fait des persécutions de Rome et du christianisme, l’initiation traditionnelle n’existe plus et il faut reconstruire le Druidecht à partir de presque rien, l’adapter au monde moderne, sans bénéficier du soutien d’une filiation ou d’une initiation. Malgré tous ces handicaps, des générations de travaux cumulés, peuvent nous rapprocher petit à petit de la grandeur de notre tradition.
Autre problème contemporain, comme il n’y a pas de hiérarchie sacerdotale traditionnelle reconnue par tous, druidisants ou autres, nul n’a l’autorité nécessaire pour condamner certains hurluberlus dont les prétentions n’ont d’égale que leur ignorance, et dont l’activité est néfaste à l’ensemble de la Druuidiacto moderne.
Notre Collège est un de ceux qui tiennent compte de l’avis des historiens du Celtisme. Nous avions souvent quelques doutes de la validité de notre filiation médiévale (avant John Toland), même si ceux qui nous l’avaient transmis étaient sincères dans leur démarche. Nos convictions païennes nous empêchaient par ailleurs de nous soumettre à une transmission monothéiste. La plupart d’entre nous ont donc, volontairement et librement, renoncé à revendiquer le titre de Druide. Certains ne le conservant que par respects envers leurs initiateurs ou dans un souci de simplification sémantique.
Il est important de noter que notre position repose sur une réflexion collective et sur des choix individuels librement consentis. Cette tendance n’a rien d’un oukase ou d’une bulle papale, elle n’a pas non plus pour objet de remettre en question les titres des amis que nous comptons dans d’autres Collèges. Dans une vision initiatique bien comprise, le respect est dû aux qualités de la personne, non à son titre ou à son grade.
Restait alors à trouver une autre appellation pour remplacer le titre de Druide.
Nous avons envisagé successivement ''Néo-Druide'', ''Druide contemporain'', ''Étudiant en Druidisme'', pour finalement lui préférer celui de Sanglier car, dans l’antiquité, les Druides se qualifiaient ainsi, comme nous l’avons vu précédemment. De plus, cet animal porte les noms de Marcassin, Tiers-an, Quartanier, Solitaire, selon son âge et ils peuvent être mis en parallèle avec les différents degrés de l’étudiant (première année, deuxième année, etc.). En vénerie, l’animal s’appelle Marcassin jusqu’à six mois, à trois ans, c’est un Tiers an, à quatre un Quartanier et, ensuite, c’est un vieux sanglier que l’on appelle Solitaire ou vieil Ermite. Sans compter qu’un vieux Sanglier apprenant à ses petits marcassins à se nourrir de gland sous un chêne est un symbole très parlant. Bien sûr, rien n’est parfait, l’appellation de Sanglier nécessite parfois quelques explications pour être compris, alors que celui de Druide est beaucoup plus facilement compréhensible par référence à Panoramix.
Notes
1- Les mots en ''isme'' ayant de nos jours des connotations négatives, il nous a semblé intéressant de rechercher un équivalent gaulois de la Druidechta irlandaise (''arts du Druide''). M. Monard nous a proposé Druuidiacto (ministère et action du Druide) et Druuidia (connaissances et doctrines druidiques) .
2- Les Druides antiques ont été monistes ou polythéistes selon les approches et les témoins considérés. Chacun a donc une certaine marge d’interprétation personnelle, la Druuidia étant probablement un mélange des deux. Ainsi, personnellement, mon inclination viscérale et intuitive au polythéisme, est obligée d’accepter en complément l’hypothèse monisme en fonction d’un raisonnement rationnel et de certains témoignages historiques. D’autres membres de notre Collège suivent un raisonnement diamétralement opposé, partant du monisme, ils acceptent le polythéisme...
3- N’en ayant jamais fait partie à cause de nos croyances polythéistes (que nous refusons d’abjurer), nous ne pouvons juger leurs objectifs que d’après une documentation indirecte essentiellement exotérique.
4- Très vite, les membres de l’aristocratie et de l’intelligentsia gauloise obtiendront la citoyenneté romaine. Cadeau empoisonné bien calculé qui, en quelques générations, coupera la classe sacerdotale druidique de l’élite celtique.
De quel Druidisme parlons-nous ?
Article de BELENERTOS paru dans le numéro 48 de la revue Message du Groupe Druidique des Gaules
Vers - 800, les Celtes apparaissent en Europe centrale en tant que culture. Ils se définissent plus en fonction de critères culturels que raciaux. C’est un point important car certains celtisants contemporains mélangent l’histoire à des idéologies racistes. Ne voulant pas figer leur doctrine philosophique sous la forme de dogmes religieux, les Druides n’ont pas voulu transmettre par écrit leurs connaissances et leur Tradition. On ne peut donc malheureusement pas trouver de témoignages directs. Il y a par contre, quelques récits de voyageurs grecs ou romains ainsi que tous les témoignages matériels que nous dévoilent peu à peu l’archéologie. Même si nous ne comprenons pas la totalité du symbolisme religieux des objets retrouvés, ils constituent autant de jalons qui nous permettent de vérifier (ou d’écarter) les hypothèses que nous pouvons élaborer aujourd’hui.
Il y a enfin les transcriptions médiévales des mythologies, fêtes et légendes historiques, en sachant bien que tout ce qui est parvenu jusqu’à nous est passé par la censure des moines chrétiens qui ne se sont pas privés de rogner, modifier et trafiquer pendant près de 1 500 ans tout ce qui pouvait choquer leur vision monothéiste et puritaine du sacré.
De plus, les religions celtiques ne sont pas les mêmes suivant les régions et l’époque considérée :
- avant et après la conquête romaine,
- avant et après la christianisation, si tant est que l’on puisse encore parler de Druidisme au Moyen Age.
Le Druidisme, avant et après la conquête romaine
A l’époque archaïque (vers - 700), les sacrifices sanglants sont fréquents (humains ou animaux), mais ils s’adoucissent progressivement avec l’évolution des moeurs et aussi sous l’influence modératrice des Druides. Ainsi leur nombre diminue et, à la veille de la conquête de César, seuls quelques rares condamnés à mort sont sacrifiés aux Dieux. N’oublions pas que certains Druides sont à la fois prêtres et magistrats. Cf. Message numéro 42, Nouvelle approche des religions celtiques de Belenertos. Mais, là encore la situation est très contrastée d’un sanctuaire à l’autre (Glanon par rapport à Roquepertuse pour les Salyens) ou d’une tribu à une autre : Arvernes et Belges sont plutôt ''traditionalistes'' par rapport aux Allobroges ou aux Eduens plus hellénisés et/ou romanisés (tout du moins au niveau de leurs élites dirigeantes.
Avant la conquête romaine, on ne trouve aucune représentation matérielle de Divinité proprement dite, ce ne sera qu’après qu’elles apparaîtront. Cette matérialisation du sentiment religieux est peut-être liée à la disparition (ou à l’occultation) des Druides, philosophes et théoriciens de la doctrine druidique.
Mais l’absence de représentation divine sous forme humaine ne signifie pas l’absence de support matériel aux cultes païens. Des hommes ont été élevés au rang de demi-Dieux (rois, mages ou héros) et servent d’intermédiaires entre le monde des hommes et celui des Divinités. On trouve aussi des symboles abstraits (roues, esses, pour figurer le Dieu du tonnerre et de l’orage) ou des éléments naturels comme des rochers, arbres, sources, rivières, sommets de montagnes... Ces Divinités évolueront à l’époque gallo-romaine vers des représentations ''à la grecque'', c’est à dire sous la forme d’athlètes nus parfois drapés d’une toge aux plis savants comme ce Sucellos (cf. illustration) ou ce Taranis (idem). Ce Dieu du ciel, sera, lui, souvent comparé à Jupiter à cause de ses ''esses'' qui sont assimilés au foudre du Dieu romain.
Un peu de mythologie celtique...
Chez les Celtes il n’y avait ni dogme, ni religion unique à visée universelle, chacun était libre d’interpréter à sa guise les reflets du monde divin, de prier suivant les choix de son coeur l’une des innombrables Divinités du panthéon celtique ou pré-celtique, voire même dans certains cas, de se contenter d’une vision théiste, faute de preuves vérifiables de l’existence des manifestations divines.
En arrivant en Gaule, les Celtes avaient trouvé des cultes datant de la préhistoire ou de l’âge du bronze parmi les populations autochtones, ces Divinités seront intégrées dans le panthéon celtique à l’image du Dieu cornu Cernunnos ou de la Grande Déesse. Il n’y a donc pas eu d’affrontement et de guerre de religion comme avec des religions monothéistes. Les prêtres autochtones seront associés au pouvoir sacerdotal des Druides. Guyonvarc’h considère par exemple que les Vates (une des spécialisations fonctionnelles du Druide) trouvent leur origine dans les voyants/sorciers/magiciens des cultes mégalithiques pré-celtiques. Leur rôle a parfois été comparé à celui des chamans des sociétés sibériennes contemporaines bien que l’on ne soit pas certain que les cultes chamaniques modernes soient équivalents à ceux pratiqués à cette époque.
Il n’y avait pas de dualisme entre la Nature (considérée comme divine) et les différentes Divinités qui en font partie dans cette vision panthéiste. D’où l’absence de Dieu Créateur dans le monde celtique : en effet, il faudrait qu’une Divinité soit hors du monde et préexistante à la Nature pour qu’elle puisse la créer. L’univers était divisé en monde (céleste, terrestre et souterrain) et non monde, seules les Divinités pouvaient passer des uns aux autres, les humains étant limités, de leur vivant, au monde terrestre. Certains leur ont donné, au XIXe siècle, les noms de Keugant/Gwenved/Abred/Anwin à ces différents niveaux d’existence (il existe des variantes aussi bien orthographiques que de sens).
Les différents corps célestes (astres, satellites, planètes) sont la forme visible dans le monde matériel d’entités divines supra-humaines.
Chaque Divinité est honorée sous plusieurs formes principales (père/fils, mère/fille, trinité).
Tribann et triskell sont deux des clés (il y en a d’autres) de ces spécialisations divines, allant de l’interprétation la plus ''terre à terre'' à l’abstraction la plus philosophique.
Les Divinités solaires
L’astre solaire dans son aspect matériel réchauffe la Terre de ses rayons, il s’unit à la Terre Mère dans un mariage rituel renouvelé chaque année, et fait ensuite mûrir les moissons dont le blé est vu comme le ''fils'' de leur union. Mais il y a aussi le Dieu guérisseur lié au tellurisme et aux sources thermales (Borvo, le bouillonnant > Bourboule, Bourbonne-les-Bains), autre expression du lien entre la Terre mère et le Soleil qui sera explicité par Hermès Trismegiste dans la Table d’Emeraude de la tradition païenne égypto-grecque : ''ce qui est en haut est comme ce qui est en bas'' et ''Le soleil en est le père, la lune en est la mère, le vent porté dans son ventre, la terre est sa nourrice''. Il y a encore le principe divin abstrait, transcendant, qui relève plus de la philosophie des Druides que de la religiosité populaire. Et, parallèlement à tout cela, le soleil est honoré sous son aspect père et fils : Dieu père le soir et en fin d’année il est le vieux roi sage et débonnaire, Dieu fils au lever du jour et au matin du solstice d’hiver, il est le guerrier et le champion qui rêve de gloire et déborde d’ambition.
C’est le vieux schéma des cultes néolithiques où la légitimité du roi de l’année provenait de son mariage avec la reine, incarnation de la Terre Mère. A chaque fin de cycle, chacun pouvait devenir roi après avoir vaincu et tué en duel le précédent époux de la reine. Ce rituel est expliqué et commenté dans les livres de Frazer, Le Rameau d’or. La fête royale de la Lugnasad correspond notamment à la commémoration du mariage de Lug (dont le roi est le fils spirituel en tant que roi magicien) avec la Terre mère. La fécondité de cette union sera le symbole de la fertilité de la terre et donnera l’abondance pour la tribu. Si le vieux roi n’est pas remplacé à la fin du cycle, il sera incapable d’assumer son rôle et cette impuissance amènera l’hiver éternel et la famine. C’est là une des clés du ''coup douloureux'' et de la ''Gaste terre'' de la quête du Graal que les moines chrétiens n’ont pu comprendre.
Remarques
- Dans l’antiquité il y a parfois confusion entre le Soleil et Mercure. Ce dernier est en effet difficile à observer à l’oeil nu et, de toute façon, il n’est visible que très fugitivement, après le coucher du soleil et avant son lever. Il était donc logique que les Druides astronomes présentent le Dieu Lug (Hermès grec/Mercure latin) comme le messager de Belen (Apollon) et l’expression de son principe caché, son Verbe animateur.
- Il existe un Dieu Mars ''planétaire'' dans le panthéon celtique : il s’agit de Loucetios. Il est parfois confondu avec Lug, d’autres fois avec Teutatès. Mais Loucetios ne correspond absolument pas au Mars/Arès gréco-romain. En effet le rôle de Dieu de la guerre est tenu chez les Celtes par des héros ou des Déesses. Après la conquête romaine, Teutates sera parfois assimilé au Mars gréco-romain.
Les Divinités lunaires
Ses trois principaux aspects sont, comme pour l’astre solaire, le reflet des phases astronomiques. De plus, s’y ajoutent des correspondances avec le cycle menstruel féminin :
- Lune croissante : c’est la jeune Déesse vierge et farouche associée au printemps,
- Pleine Lune : c’est la femme féconde, sexuellement active, dont la reine (fiancée à l’occasion de Belteine et mariée à la Lugnasad) est l’archétype social,
- Lune décroissante : c’est la vieille femme dont l’aspect lune noire tend vers le maléfice (la ''triple'' Hécate des Grecs, ce qui indique que chaque aspect de la triple Déesse peut encore se subdiviser !).
La Morrigane irlandaise est souvent décrite comme une corneille noire survolant les champs de bataille et ivre de sang et de fureur, d’où son autre nom de Bobd, ivresse (voir illustration).
Si chez les Celtes la Lune est féminine et le Soleil masculin, il y a d’autres traditions païennes (germanique, japonaise) où la polarité de ces deux astres est inversée. Reflet de cette incertitude antique, en astrologie moderne, la Lune est parfois considérée comme androgyne.
Si on admet que la Grande Déesse de la préhistoire a été peu à peu remplacée et supplantée par des Divinités masculines (à la fin du néolithique et durant l’âge du bronze, donc bien avant l’arrivée des Celtes), on peut retrouver cette évolution avec le couple Belen/Belisama dont l’étymologie (bel = brillant, étincelant) est la même et dont certaines attributions se recoupent. Il semblerait donc que le Dieu Bel ait supplanté Belisama dans son rôle d’astre principal (le soleil supplantant la lune) et que, parallèlement, Belisama aurait perdu son aspect lunaire au profit d’autres Divinités commee Sirona.
On pourrait procéder de même pour chacune des sept planètes de l’antiquité qui sont les matérialisations visibles d’entités divines transcendantes dans la pensée païenne comme nous l’avons déjà dit.
La même Divinité possédait de nombreux noms et représentations symboliques, dans un contexte mythologique complexe que nous ignorons dans la plupart des cas. Une des raisons pour laquelle il est difficile de comprendre aujourd’hui le sacré des religions païennes et polythéistes de nos ancêtres est que nous ne vivons plus dans une société traditionnelle. Les trois classes de la société (producteurs, protecteurs, prêtres) ne s’équilibrent plus dans une complémentarité harmonieuse à l’image des trois branches du triscèle dont la rotation donne un équilibre dynamique. Notons à ce propos que le triscèle, présent dès l’époque préhistorique, a d’autres interprétations et utilisations. De plus, vu en coupe il équivaut au Tribann...
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Un peu de philosophie...
La spiritualité païenne de l’antiquité regroupait deux principales approches philosophiques : le polythéisme et le monisme. L’expression ''les différentes formes de polythéisme et les différentes formes de monisme'' serait d’ailleurs plus appropriée, car, comme l’a montré M. Brunaux dans son livre Les religions celtiques il y avait probablement autant de formes de Druidisme que de Druides ! Le même archétype divin pouvait être compris à des niveaux différents suivant les degrés d’évolution spirituelle de. C’est aussi cela le charme des spiritualités païennes a-dogmatiques...
Prenons l’exemple du nombre abstrait et indéfinissable appelé Pi. Il peut être représenté par 3,14 ou 3,1416, ces deux chiffres finis ne sont que des approximations de ce nombre ; actuellement on a calculé par ordinateur quelques millions de décimales sans pouvoir épuiser cette suite infinie. Tout au plus, peut on considérer que 3,1416 est un peu plus proche que 3,14 de la réalité mathématiquement infinie et inconnaissable de Pi.
Le Polythéisme
Le monde divin s’exprime dans le monde matériel sous des formes multiples et distinctes. Suivant son évolution spirituelle on peut les honorer en tant qu’abstraction philosophique dont les attributs symboliques sont autant de clés ésotériques, ou bien adorer la représentation matérielle (statue, image). Là encore une infinité de nuances existaient entre ces deux possibilités de compréhension du même principe divin. Ainsi, un des chefs de guerre portant le nom de Brennus éclata de rire devant les statues d’Apollon qu’il trouva dans le sanctuaire grec de Delphes, elles étaient en effet incompréhensible pour un Celte de son époque qui n’avaient jamais vu des Divinités figurées sous les traits d’un homme.
Le Monisme
C’est la tendance (plus ou moins aboutie) à l’unicité du monde divin par delà la multiplicité de ses manifestations dans le monde matériel, humain. Mais le monisme (tout du moins dans son acception antique) ne remet pas en cause la pluralité des manifestations divines dans le monde matériel ainsi que leur validité. Le Monisme a parfois évolué vers un théisme philosophique dans le cadre d’une vision du monde où les formes visibles et matérialisées du monde divin étaient considérées comme plus proches du monde matériel que du monde spirituel.
Ces deux conceptions philophico-religieuses du monde divin ne s’opposaient pas dans l’antiquité qui, de toute manière, ignorait encore les guerres de religions issues de la volonté d’universalisme des dogmes monothéistes. L’auteur de cet article étant plus proche de la sensibilité polythéiste que celle du monisme, il serait intéressant, pour avoir une autre opinion, de lire (ou relire) Connaissance du Druidisme et Elément de base du Druidisme, en se souvenant que M. Monard est lui plutôt moniste, bien que très tolérant vis-à-vis du polythéisme.
Le Polythéisme était fortement majoritaire dans la population comme dans la classe sacerdotale qui, seule s’intéressait aux autres possibilités de compréhension du monde divin. Il est important de noter que les fouilles archéologiques et les témoignages de l’époque ne donnent aucune trace d’un soi-disant monothéisme celtique antique qui aurait été une sorte de perversion extrémiste d’un monisme dogmatique, par contre les preuves du polythéisme sont innombrables et incontestables. Les seules formes de ''monothéisme celtique'' que l’on peut trouver se situent dans le cadre médiéval du christianisme, à une époque où le Druidisme a été étouffé ou occulté (dans une hypothèse optimiste) depuis plusieurs siècles.
La décadence du Druidisme antique
Rome n’a pas eu beaucoup de peine à trouver des collaborateurs zélés parmi l’aristocratie gauloise prête à toutes les compromissions pour conserver sa richesse et son luxe. Cela débouchera dans la société gallo-romaine sur une ''élite'' intellectuelle acculturée qui oubliera très souvent sa culture et sa langue pour adopter celles de ses conquérants. Cet attrait pour les culture étrangères a cependant toujours existé, même à l’époque la plus archaïque : cf. le décors gréco-etrusque du vase de Vix ou les ruines du sanctuaire celto-grec de Glanon devenu Glanum ! La décadence du Druidisme sera cependant accélérée, après la conquête romaine, par la disparition des collèges druidiques, ciment des sociétés celtiques. Le Druidisme est combattu par César, interdiction renforcée et renouvelée par l’empereur Auguste, Tibère, Claude, etc.
Pourquoi ? Tout d’abord, dans le cas de César, pour le soutien actif que la majorité des Druides ont apporté à Vercingétorix. Ensuite, parce que l’influence des Druides fait obstacle à la romanisation de la Gaule, dont de plus en plus de riches aristocrates, voire même des cités entières (comme Lyon), obtiennent la citoyenneté romaine. Or les cultes druidiques sont en principe interdits aux citoyens romains. D’où l’hostilité d’un empereur comme Claude, par ailleurs aimant la vie en Gaule et intéressé par tout ce qui touche à l’histoire et à la magie (étrusque notamment). Mais les Romains sont aussi des païens, même si leur spiritualité est souvent assez pauvre et/ou superstitieuse. En matérialistes, ils se désintéressent généralement du sentiment religieux des populations soumises. Rome tolérera donc en Gaule les cultes druidiques pratiqués plus ou moins clandestinement et elle n’interviendra que lorsque cela débouche sur des troubles à l’ordre public. Ce sera le cas lors des prises de position ''indépendantistes'', de Maric (ou Maricos) qui avait prophétisé la ruine de la ville de Rome. Il en ira de même lors la destruction du sanctuaire de l’île de Mona (Anglesey ?) qui constituait probablement un noyau de résistance à la romanisation de la Grande Bretagne.
L’irruption des chrétiens dans le monde européen
Les Romains ont déstructuré la société celtique basée sur la tripartition et ont fait disparaître le Druide magistrat, diplomate, enseignant ou conseiller des rois, mais la pratique des cultes païens reste libre. Les Dieux gaulois continuent d’être honorés dans les mêmes sanctuaires sous des noms grecs ou romains qui correspondent (plus ou moins) aux attributs archaïques. Ainsi, Grannos (un des aspects de Belen) est adoré à Grand dans les Vosges sous le nom d’Apollon Grannos, Lug Dumias est prié au sommet du Puy de Dôme sous le nom de Mercure Domien.
Par contre, les chrétiens, eux, vont s’attaquer à l’essence même de la tradition panthéiste païenne et polythéiste en niant toute forme de spiritualité non conforme aux dogmes de leur religion unique et révélée. Leur fureur iconoclaste fanatique va donc s’attaquer à tous les temples, toutes les ''idoles'' et s’étendre à l’ensemble des formes de spiritualités païennes, publiques ou privées. La liberté de pensée religieuse va donc peu à peu disparaître, et tous les païens seront persécutés, du Druide au simple fidèle.
En Gaule, au début du IIe siècle, le christianisme ne recrute que des Grecs, Égyptiens, Syriens, etc. que l’on trouve dans certaines villes comme Lyon ou Vienne, il s’enrichira vers la fin du IIe siècle après J. C. de l’arrivée en Gaule de légionnaires romains venus d’Orient avec leurs familles. L’influence chrétienne sera cependant négligeable sur l’ensemble de la population gauloise qui reste païenne jusqu’à la conversion des élites romaines (à la fin du IVe siècle après J. C.). Cette christianisation du pouvoir central va permettre l’utilisation contre les païens de la machine de guerre impériale (armée, administration). Il ne s’agit donc nullement (nous parlons ici de la Gaule) d’une religion populaire qui touche l'ensemble d'une société en quelques années, mais d’une lente progression, étalée sur près de 500 ans, dirigée par les fonctionnaires de l’empire romain et secondée par une cinquième colonne de marchands, d’ex-esclaves et de collaborateurs opportunistes prêts à tout pour faire carrière. Les villes seront les premières touchées : destruction des temples ou transformation en églises, interdiction faite aux païens de devenir fonctionnaires puis de pratiquer un culte public.
Les campagnes avaient échappé à cette première vague de persécution. Aussi l’état romain enverra ''en mission d’évangélisation'', à partir de 371, d’anciens officiers légionnaires comme St Hilaire, St Martial ou St Martin. Ils la quadrilleront pour contraindre les populations à profaner et détruire leurs sanctuaires. Ceux qui auront le courage - ou l’inconscience - de s’y opposer seront massacrés par la troupe armée qui accompagnaient et protégeaient ces ''évangélisateurs''. Voilà pourquoi on a tant de sources, pierres et arbres dédiés à ces saints, ce sont autant d’anciens petits sanctuaires ruraux dont les ruines cachent bien des drames oubliés par l’histoire.
En 392 l’empereur Théodose interdit tous les cultes païens (privés ou public) et ferme tous les temples païens encore existant. Cet édit ne sera pas partout appliqué (certains païens sont encore influents localement !) et il sera renouvelé plusieurs fois avec une efficacité croissante, les peines encourues seront progressivement aggravées devant l’obstination des récalcitrants. Ainsi, en 772 Charlemagne, empereur très chrétien, essaye de convertir les Saxons à la ''vraie foi'' et des milliers d’entre eux, à Werden, préféreront la décapitation au baptême. En 800 ce même empereur ''très chrétien'' interdit (encore une fois) les cultes des arbres, des pierres et des fontaines, preuve qu’ils existaient toujours à cette époque. Mais, malgré tout, les païens subsistent dans la clandestinité, feignant parfois un christianisme de circonstance pour sauver leur vie. Certains pensaient que le christianisme s’épuiserait au bout de quelques dizaines ou centaines d’années et qu’ils pourraient alors sortir de leur clandestinité. Aucun ne pouvait imaginer que la longue nuit des libertés religieuses durerait près de 1 500 ans...
Il est difficile de définir la date exacte où le Druidisme antique à disparu. Certains donnent la date de la conquête romaine car, selon Guyonvarc’h, la classe sacerdotale druidique ne peut exister en dehors d’une société celtique traditionnelle. D’autres préfèrent le IVe siècle avec l’interdiction des cultes païens car on peut supposer que quelques collèges druidiques ont pu subsister dans une semi-clandestinité. Si l’on se réfère à l’Irlande on peut aller jusqu’au Ve/VIe siècle, époque ou St Patrick et ses successeur réussissent à éliminer l’influence des derniers Druides. Bien évidemment, certains groupes de sensibilité chrétienne continuent à croire que St Patrick, St Colomba ou même St Bernard sont des Druides. Ils revendiquent donc dans ce cadre une filiation initiatique (sans problème de continuité historique comme pour les groupes païens !) par l’intermédiaire de différents ordres monastiques. Nous y reviendront plus loin.
Le cas particulier de l’Irlande
Dans cette île le Druidisme perdurera jusqu’à l’arrivée de St Patrick qui s’opposera aux Druides locaux, la conversion du roi entraînera celle de l’ensemble de l'île. Les Bardes continueront pendant encore quelque temps à défendre la culture païenne mais finiront eux aussi à être christianisés. Au IXe/Xe siècle les rois d’Irlande ont encore des ''Druides'' ou des ''Bardes'' à leur côté mais ces titres ne recouvrent plus depuis longtemps aucune réalité païenne, ce ne sont que des titres honorifiques et nobiliaires que portent de bons chrétiens. Sur cette ambiguïté entre culture celtique et religion druidique apparaîtra, avec Saint Colomba, une église celtique irlandaise qui comptera des évêques/Druides dans la lignée de Saint Patrick. Cette église celtique sera considérée comme hérétique par Rome non pas du fait de leur paganisme (ce sont tous des monothéistes !) mais parce qu’une de leur principale revendication est le refus de l’autorité de l’évêque de Rome. Cette opposition évêques anglo-saxons/évêque de Rome donnera naissance au christianisme celtique qui développera quelques variantes doctrinales sur le thème monothéiste et l’agrémentera de quelques légendes mal comprises volées à la tradition celtique antique.
C’est dans ce contexte médiéval que l’on trouve les interprétations monothéistes les plus anciennes de la Tradition celtique. Contexte qui n’est d’ailleurs pas dénué d’arrières pensées géopolitiques car, à cette époque, la Geste arthurienne servait les intérêts de la cour d’Angleterre des Plantagenets alors que la Bretagne hésitait entre la suzeraineté anglaise et française (elle aurait certainement préféré conserver son indépendance mais ses puissants voisins ne l’entendaient pas ainsi !).
Le néo-Druidisme est malheureusement souvent parti de ces textes tardifs et christianisés pour en conclure que le Druidisme était proche du catholicisme. Cette erreur pouvait encore se comprendre au XVIII°/XIX° siècle, car l’histoire, la linguistique et l’archéologie n’apportaient pas, comme aujourd’hui, les preuves irréfutables du caractère polythéiste et panthéiste des cultes antiques. De plus il était encore dangereux au siècle dernier (1) d’afficher ouvertement sa rupture avec l’idéologie religieuse officielle. D’où les innombrables concessions et atermoiements qui pouvaient, à l’époque, si ce n’est s’excuser, du moins se comprendre... Une des rares Triades attestées dans l’antiquité déclare qu’il faut ''Honorer les Dieux, être courageux, ne rien faire de déshonorant''. Comment honorer ''les Dieux'' si l’on adore un Dieu unique ?
Certains chrétiens impénitents ont essayé de contourner la difficulté en supposant (sans preuves !) que les Druides honorait un dieu unique dans le secret de leurs collèges (l’Incréé ?), mais qu’ils laissaient le peuple croire au polythéisme. C’est oublier les preuves innombrables de la participation des Druides aux cultes polythéistes en tant que sacrificateurs par exemple. De plus on imagine mal un Druide mentir ainsi à son entourage et cautionner de son autorité morale et spirituelle des cultes auquel il ne croirait pas lui-même. Ne serait-ce pas se déshonorer que d’agir ainsi ? Le mensonge était le pire des crimes pour un Druide...
La tradition galloise
Beaucoup de groupes contemporains s’inspirent aussi de rituels gallois du siècle dernier, malheureusement fortement inspirés, eux-aussi par la pensée monothéiste. Iolo Morganwg, un des restaurateurs du néo-Druidisme gallois, a fondé la première Gorsedd en 1792. Il est difficile de dire si son désir était simplement de relancer la poésie galloise ou s’il avait aussi des intentions spiritualistes. Intentions qui, si elles ont existé, ont été détournées ou récupérées par son entourage et ses successeurs. Ces Gorsedds sont donc aujourd’hui essentiellement des concours de chants et de poésies, basés sur la culture régionaliste. Ce travail énorme et précieux a permis de préserver les traditions folkloriques et les parler régionaux (ou de ralentir le déclin si l’on est pessimiste). Malheureusement, l’aspect indiscutablement païen de la Tradition celtique antique est quasiment inexistant. Cela se comprend très bien lorsque l’on sait que des prêtres anglicans (nous sommes en Cornouailles ou au pays de Galles) participent aux Gorsedd. Il est bien évident qu’ils bloqueront toute possibilité d’ouverture à la spiritualité païenne de l’antiquité tant qu’ils seront présents dans ces associations.
La tradition franc maçonne anglaise
En 1717 des libres penseurs, dont le plus connu est John Tolland, décident de re-fonder une forme de Druidisme d’ordre philosophique. De cette lignée proviennent notamment le Druid Order et l’Order of Bards, Ovates and Druids. Dans ce même milieu, Henri Hurle fonde en 1781 une filiation druidique mutualiste, qui créera des caisses de solidarité entre ouvriers. On retrouve maintenant des Loges de ces deux filiations aux quatre coins du monde. Si ces groupes revendiquent une tradition druidique, leur ''paganisme'' se résume le plus souvent à un rejet des dogmatismes du catholicisme mais pas de la doctrine monothéiste elle même. Leur but est plutôt une rénovation du monothéisme pour l’adapter au monde moderne. Rénovation qui s’appuie sur le Monisme auquel ils donnent abusivement une interprétation ''pré-monothéiste''. Dans ce cadre, le Grand Architecte de l’univers est parfois assimilé à l’Incréé. Bien évidemment il ne faut pas généraliser car il y a de nombreuses Loges et obédiences différentes, si toutes ne s’intéressent pas au Druidisme, il n'est pas impossible qu’il existe aussi des Francs Maçons véritablement païens et polythéistes.
Les dérives politiques
Des sympathisants de mouvements politiques, généralement d’extrême droite, cherchent régulièrement à exploiter la vitalité et la popularité de la culture et de la spiritualité celto-druidique. Ils confondent généralement Celtes, Aryens et Indo-Européens dans leur même interprétation raciste. Alors que ces termes ne sont pas basés sur des critères raciaux mais sur des coutumes sociales ou religieuses, la langue et des zones d’influences géographiques. Ainsi le ''peuple des champs d’urnes'' (un des ancêtres possible des Indo-Européens) est ainsi appelé par les archéologues d’après un mode de sépulture. On peut remarquer que ces ''païens politiques'' se disent plus souvent intéressés par les croyances odinistes (du Dieu germanique Odin) que druidiques, les Gaulois étant dans leur idéologie fantasmatique moins ''purs'' racialement que les Germains.
Des prétendus ''Odinistes'' ont dernièrement célébré avec les catholiques intégristes la commémoration du baptême de Clovis. Cela peut encore se pardonner chez des personnes ignorant tout de leur histoire, pas chez des universitaires ou des professeurs d’histoire. Ces païens de circonstance ont ainsi outragé à la fois la mémoire des Saxons (qui préférèrent à Werden la mort au baptême de Charlemagne) et les véritables Odinistes (il y en a ...), ils ont aussi démontré leur peu de spiritualité celtique, alors que des Hindouistes, chamanistes ou animistes d’origine non-européenne, sont plus fidèles qu’eux à cette Tradition.
Les groupes ésotériques
Certains groupes Rose croix, spirites (Allan Kardec se disait la réincarnation d’un Druide) ou anthroposophes, revendiquent parfois une filiation druidique en s’appuyant par exemple sur des liens avec la Golden Dawn anglo-saxonne. A quelques rares exceptions près, ils s’intéressent plus aux aspects ésotériques de la culture celtique qu’à la nature païenne de la religion druidique. Beaucoup ignorent la spiritualité païenne et polythéiste du Druidisme antique pour ne se référer qu’au christianisme celtique médiéval.
Remarque (valable aussi pour les autres )
Cet article parle ici des grandes lignes directrices de ces associations, et non des positions individuelles de certains de leurs membres qui sont heureusement parfois - en privé - beaucoup plus nuancées !
Les groupes se rattachant à la spiritualité celtique païenne de l’antiquité
Ils sont malheureusement rares et le plus souvent très discrets. On distingue généralement deux principaux courants, wicca et celtiques. Rappelons à ce propos qu’il n’y a pas eu de conflit dans l’antiquité entre religions pré-celtiques et Druidisme, d’où parfois le mélange de ces deux lignées traditionnelles.
La mouvance wicca
Ce courant multipforme se veut la résurgence du chamanisme préhistorique par le biais de la sorcellerie médiévale. Elle est donc le plus souvent très anti-chrétienne du fait des massacres, tortures et persécutions de l’Inquisition. Mais, à côté de la Wicca celtique (parfois aussi appelée occidentale), il existe d’autres courants issus de traditions amérindienne, cabaliste, égyptienne, etc. qui sont parfois (pas toujours, car les chrétiens ont aussi sévi hors d’Europe) plus tolérants avec les idéologies monothéistes. En France, il s’agit le plus souvent d’individus isolés, de quelques amis ou d’une famille. Remarquons au passage que cette dispersion leur a permis de survivre aux persécutions chrétiennes, alors que les Collèges druidiques disparaissaient corps et biens. Les quelques groupes wiccas actuels ont été tellement matraqués par la presse à scandale, que cela a fait disparaître toute la partie visible de l’iceberg : un peu comme au Moyen Age avec les persécutions de l’Inquisition... Du coup, le rôle de la Pagan Federation anglo-saxonne (qui est assez bien implantée en France, nous en reparlerons dans un prochain article) tend à devenir prépondérant.
Les Druidisants
Ils sont eux-aussi peu nombreux et mal organisés, rares sont les Groupes qui affichent officiellement leur caractère païen et polythéiste et qui échappent à l’écueil politique. Plusieurs groupes sont actuellement en train d’évoluer vers un paganisme plus net sous l’influence des travaux d’historiens et d’archéologues remettant en question beaucoup des dogmes des celtomanes du siècle dernier. Il faut encore noter que les groupes néo-chrétiens et/ou politiques sont bien implantés car ils existent depuis longtemps et bénéficient de réseaux d’influence et de propagande. Et, bien sûr, ils font tout pour contrer l’arrivée de nouveaux venus qui ont l’insolence de dévoiler les mensonges de leurs filiations et de leurs bases doctrinales... Nouveaux venus qui sont d’ailleurs souvent vulnérables car ce sont presque toujours des bénévoles disposant de peu de temps et d’argent et dont l’amateurisme les expose à tous les pièges et provocations grossières. Notre société actuelle, majoritairement chrétienne et/ou matérialiste, confond secte et spiritualité : elle a ainsi souvent ''brisé'' des initiatives intéressantes qui n’avait rien de commercial ou de sectaire !
Mais, malgré tous ces obstacles à franchir, une fraction de tous ceux qui s’intéressent au monde celtique finissent par aboutir à la question fondamentale : quelles étaient les croyances philosophiques et religieuses des Celtes et pourquoi ont-elles disparues. Leurs quête de leurs racines celtiques les amène donc, s’ils sont logique avec l’histoire, à rejeter toutes les idéologies (2) qui ont cherché à faire disparaître le Druidisme antique. Certains voient dans cette - lente - prise de conscience tant culturelle que spirituelle le retour des Dieux annoncé par un des derniers oracles de Delphes : ''un jour Apollon reviendra et ce sera pour toujours''...
En conclusion, la spiritualité celtique antique est incompatible avec la plupart des dogmes monothéistes : unicité divine, dualité bien/mal, création divine de la Nature, mépris et négation de la féminité (humaine ou divine), infaillibilité papale, vision de l’Au-delà, réincarnation, asservissement des animaux à l’homme créé à l’image de Dieu, etc. Historiquement, les différentes Eglises ont systématiquement persécuté les païens (druidisants ou autres) dès qu’elles ont disposé de l’appui du pouvoir temporel (l’union du sabre et du goupillon). A partir de ces constatations historiques difficilement discutables chacun réagit selon son tempérament. Il y a ceux qui jouent la politique de l’autruche et refusent l’évidence, ceux qui regrettent le passé mais ne font rien de concret dans le présent et enfin ceux qui, de plus en plus nombreux, essayent de réagir à leur niveau. De plus en plus d’Européens rejettent le sacré dans l’athéisme ou le satanisme, car ils ne connaissent que les formes de spiritualité issues du monothéisme, et ils ressentent confusément et intuitivement le désaccord profond et irréductible entre le monothéisme et les aspirations païennes naturelles de chacun.
Remarque d’ordre général
Les Druides antiques se refusant à tout dogmatisme, il ne saurait donc être question pour les groupes païens actuels se rattachant à la tradition druidique d’établir une liste des groupes ''sérieux''. D’autant plus que le milieu druidique est très fluctuant, les associations naissent, disparaissent, évoluent, se divisent ... C’est pourquoi aucun nom n’a été cité dans cet article. Nous invitons chacun à consulter les publications disponibles (ainsi que des livres comme celui de Michel Raoult) et de faire preuve de discernement et de réflexion (notamment concernant les accusations de la presse à scandale).
Notes
1- A voire le lynchage médiatique dont sont victimes ces dernières années la plupart des groupes de tradition païenne, on ne peut que se féliciter de la présence d’un état de droit, laïc et républicain. Mieux vaut en effet, une campagne de rumeurs calomnieuses tempérée par un état de droit, qu’une véritable chasse aux sorcières ou la religion dominante fait la loi...
2- Idéologies impérialistes et hégémoniques, que ce soit sur le plan spirituel avec le monothéisme, ou sur le plan matériel avec le fascisme (descendant de l’impérialisme romain) et ses avatars modernes.
Bibliographie
- Les Celtes et les Gallo-Romains de J. J. Hatt, éditions Nagel.
- Les Dieux de la Gaule de P. M. Duval, édition Payot.
- Les Druides et les Textes mythologiques irlandais de C. J. Guyonvarc’h.
- Les Druides, les sociétés initiatiques celtiques contemporaines de M. Raoult, éditions du Rocher.
- Le rameau d’or de M. Frazer, édition Bouquins.
- Les religions celtiques de M. Brunaux aux éditions Errance.
- Revue Archéologia, articles de J. J. Hatt.
Avoir la Foi pour un druidisant
Cet article ambitieux s’enracine dans une interrogation : celle de définir ce qu’avoir la foi peut bien signifier pour un païen en général et un druidisant en particuliers. Vaste question qui, à notre connaissance, n’a jamais été traité en profondeur ; car si l’on entend parler de sagesse antique donc païenne ; on parle par contre de foi chrétienne ; comme si la foi païenne ne voulait rien dire et que la notion de foi émerge avec les religions du livre. D’ailleurs dans tous les évangiles chrétiens le terme « païen » est profondément corrélé à l’idolâtrie, l’obscurantisme et la négation de la foi.
Il nous semble pourtant important d’inscrire le druidisme dans une notion de foi véritable afin que la résurgence druidique ne se trouve pas cantonnée à une simple philosophie antique plus ou moins reconstruite ; mais puisse accéder aux rangs de véritable religion, culte et spiritualité nativiste vivants.
D’aucun nous diront que ce questionnement est superflu ; la foi druidique s’inscrivant simplement dans la pratique et la transmission d’un culte antique plus ou moins folklorique, préservé ou reconstruit par extrapolation et interprétations. Nous laisserons là les vaines querelles qui viseraient à déterminer si cette transmission est réelle et donc légitime ; il n'y a en effet de transmission que dans l'invention. Tout ce qui est transmission a besoin d'être pensé, traduit pour aujourd’hui. Donc, quand bien même nous découvririons via l’archéologie un culte druidique prouvé historiquement et livré clé en main ; faire un copier-coller pour reproduire en notre siècle des pratiques antiques à l’identique serait vide de sens et là pour le coup folklorique. D’autant que participer à une ritualisation druidique veut il dire avoir la foi ? Donc, de toutes façons, nous en reviendrions à notre questionnement de départ qui est : La foi pour un druidisant c’est quoi ?
Faute de définition de la foi païenne nous avons taché de chercher une définition de la foi pouvant nous parler dans les références du monothéisme (preuve soit dit au passage de notre ouverture d’esprit) et là elles sont pléthoriques. Nous pouvons vous en proposer une du Père Joseph MOING qui est assez parlante : « la foi, c’est croire en un Dieu qui s'est révélé en un homme, c'est croire en un Dieu qui peut épouser la cause de l'homme, un Dieu qui met en nous le sentiment de l'autre, le respect de l'autre, le souci de l'autre, l'amour de l'autre. Pour le christianisme notre relation à Dieu est solidaire de notre relation à l’homme. C’est ainsi que Jean peut dire : « quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu » (1 Jean 4,7). Nous croyons en un Dieu qui vit au cœur de nos relations humaines. La foi ne consiste pas simplement à croire à un au-delà ou à un paradis ni à entretenir une relation avec un être invisible, la foi passe par une référence à l'autre à travers l'Évangile. Les deux lieux de la foi sont l'Évangile et notre rapport à l'autre. Le rapport à Dieu passe par le Christ qui passe par l'autre. La foi se vérifie dans une éthique, une spiritualité, une manière de vivre, un comportement politique, une révolte même au besoin et jusque dans l'Église elle-même. »
Une belle définition certes mais impossible à transposer dans notre vision paganisante ; une définition enfin qui nous montre que ce n’est pas en allant puiser dans les sources des religions monothéistes que nous trouverons une réponse. D’autant que pour nous, avoir la foi, c’est sentir le flux de la vie couler en soi ; le percevoir dans tout son corps pulser en un rythme continu et cyclique. Nous avons alors le sentiment de n’être qu’Un, un prolongement qu’aucun blocage ou inhibition ne perturbe. Sentir le silence dans le libre écoulement des énergies afin qu’au lieu d’être dissociés, les différents aspects d’une personnalité se sentent alignés autour de l’axe du triskèle Mental - Corporel - Emotionnel. Acceptant notre vie sexuelle et notre vie spirituelle sans les opposer en aucunes manières. La sexualité prise comme un acte d’amour devient le reflet de la vie spirituelle ; tandis que la spiritualité n’est pas que l’affaire passive du dimanche matin avec des prières qui voguent vers les nuages de l’oubli. La spiritualité se vit au quotidien dans le concret, le contact avec la nature ; elle est le reflet de la vie sous toutes ses formes. Là effectivement, loin de tous clivages, par delà les notions de bien et de mal, nous pouvons sentir un fossé évident avec le paradigme chrétien énoncé par le père MOING.
A ce niveau de réflexion nous nous sommes posé la question de savoir si finalement la réponse que nous cherchions ne serait tout simplement pas dans la Prière des Druides. Celle-ci nous disant « O Dieux accordez nous votre appui » Se penser investi de l’appui des Dieux étant implicitement croire en eux et avoir la foi en eux ; le reste de la prière énonçant ce que pourrait être cette foi en nos Dieux.
Voyons plutôt : « Et avec votre appui, accordez nous la force. Et avec la force, la conscience. Et avec la conscience, le discernement de ce qui est juste. Et avec le discernement de ce qui est juste, le pouvoir d’aimer. Et dans le pouvoir d’aimer, l’amour de toutes choses vivantes. Et en l’amour de toutes choses vivantes, l’amour des Dieux et des Déesses. Et en l’amour des Dieux et des Déesses, tout le Gwenved, toute bonté »
Vous remarquerez que nous disons pour notre part Conscience au lieu de Science. Car en effet, si il y a trois siècles, au moment de la résurgence druidique, la science balbutiante était sans conteste éclairante et un phare repoussant l’obscurantisme et le dogmatisme clérical ; nous ne sommes aujourd’hui pas persuadé que la science triomphante actuelle soit toujours un vecteur inconditionnel de progrès spirituel. Ecoutons RABELAIS qui nous dit que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » et soumettons la science au filtre régulateur de la conscience.
Cette parenthèse étant close, revenons à nos moutons ou plutôt nos points d’interrogations.
Si nous entendons notre prière des Druides, croire en nos Dieux nous apporte la Force.
Maints exemples nous montrent que, plongés dans des situations extrêmes, les personnes pour qui la vie a un sens profond et qui donc ont la foi vont survivre là où les autres se laisseront mourir. Vous pourrez alors aussi aisément me soutenir qu’en définitive les plus forts survivent et que les plus faibles périssent prétextant fort justement que les survivants étaient mieux armés parce qu’ils étaient forts au départ. Donc qui survivra ? Ceux qui sont les plus forts ou ceux qui ont la foi ?
Nous dirons que quand on a la force on a la foi ; et les gens qui ont la foi sont forts. On ne peut dissocier le couple Force-Foi car chaque élément reflète l’autre. La foi d’une personne est l’expression de sa force vitale et morale tandis que sa force vitale et morale est à la mesure de la foi ressentie.
Aussi bien pour un individu que pour la société, la foi est la force qui
maintient la vie en perpétuel mouvement : l’homme progresse, évolue aussi bien dans le temps temporel que dans le temps spirituel. C’est donc bien cette force qui rattache l’homme à l’avenir. Quand on a la foi, on peut avoir confiance dans le futur, même si le présent semble compromis. Toutefois, ce n’est pas le lien à un futur personnel qui est essentiel à la foi. L’histoire fourmille d’exemples de gens qui ont sacrifié leur futur individuel au nom de leur foi. Des hommes, des femmes ont préféré mourir plutôt que de la renier : pour eux survivre dans une existence privée de foi ne valait pas la peine ; les guerriers celtes galvanisés par leurs Druides qui allaient nus sus à l’ennemi en sont une incarnation. Mais alors la foi semblerait avoir plus d’importance que la vie ? Nous ne pouvons aboutir à une telle conclusion que si nous admettons que l’idée de la vie individuelle n’est pas une fin en soi et que la mort n’est que le midi de la vie. Un individu décide souvent de sacrifier sa propre vie pour en sauver d’autres ou pour le bénéfice de l’humanité montrant là une vraie foi en l’Autre et en l’humanité. Si nous avons la foi, nous considérons donc la vie comme précieuse ; à cause de ce respect, nous serons toujours enclins à faire notre possible pour sauver une vie humaine ou animale voire végétale. Toute vie est sacrée, si nous ne le sentons plus, nous perdons alors la dimension spirituelle.
Et là, à ce stade de notre développement, nous retombons sur notre prière : « avec le pouvoir d’aimer, l’amour de toutes choses vivantes ». Fichtre et foutre serions nous sur la bonne voie ?
Traduisons (arbitrairement certes mais il faut parfois simplifier pour avancer) science, conscience et discernement de ce qui est juste par la notion de connaissance. Foi et connaissance n’appartiennent pas aux mêmes paradigmes. La foi a des racines beaucoup plus profondes, elle précède généralement la connaissance en motivant l’action et elle continue à influencer le comportement même lorsque l’objectivité rationnelle la prend en défaut. Lorsqu’une personne prie pour une guérison ou un retour d’affection, cela ne repose sur aucune objectivité car au fond d’elle- même dans la grande majorité des cas la personne sait que cette prière restera sans effet et ne sera pas une baguette magique capable de changer une réalité. Cependant cette connaissance rationnelle de la situation ne dissuade pas l’invocation irrationnelle du Divin car celle-ci est une simple expression de foi et la personne qui prie sent obscurément au fond d’elle-même que toute expression de foi a un effet positif ne serait-ce qu’en lui apportant un apaisement moral et un réconfort. La puissance de l’invocation de nos dieux et Déesses ne réside que dans la foi de celui qui prie.
On se reportera là à un texte d'Augustin (Homélies sur l'Evangile de Jean, Tract. XXIX, 6, p. 707) : "La compréhension est la récompense de la foi. Ne cherche donc pas à comprendre pour croire, mais crois afin de comprendre, parce que si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas."
Outre la prière ou l’invocation, l’acte de foi le plus profond qui soit est l’acte d’amour ; celui qui aime d’un amour authentique ouvre son cœur aux autres et au monde et connait en retour une joie immense ; la contrepartie non négligeable étant de se rendre alors particulièrement vulnérable à la souffrance. Ce don d’amour n’est donc possible que si l’on a foi en l’Autre, foi en l’humain ou une puissance plus importante. Ainsi, l’être qui manque de foi est dans l’incapacité d’aimer ; de même, celui qui n’arrive pas à donner gratuitement son amour n’a pas la foi. Là encore retour à notre prière des Druides.
Mais, en ce cas, comment expliquer que des milliers de vies soient sacrifiées sous la bannière de la foi ; lorsque investis d’une mission divine les hommes mènent une guerre sainte, pourfendent l’infidèle ; brulent les hérétiques au cri de « Dieu le veut » ou encore « Tuez les tous ; Dieu reconnaîtra les siens » ?
Ceci advient car il y a une dualité et que l’on a occulté le curseur individuel sur l’échelle de cette dualité ; libre arbitre et point d’équilibre qui font donc d’une dualité antagoniste, une trinité en équilibre.
La foi comme toutes choses a deux versants, deux faces : l’une consciente et l’autre inconsciente.
Le versant conscient de la foi se trouve conceptualisé en croyances doctrinaires, en systèmes de pensée. Le coté inconscient, lui, n’est rien d’autre qu’un sentiment profond de confiance, de foi dans la vie ; il est sous-jacent à toutes les doctrines, à tous les systèmes et leur donne un sens.
La plupart des croyants sont dans cette dualité sans en faire une trinité. Ils s’arrêtent aux croyances, aux doctrines, persuadés qu’elles sont la source même de leur foi, s’opposant farouchement dès lors qu’on les conteste. Or c’est seulement en posant un point d’équilibre que l’on pourra intégrer les deux faces dans l’Un
Les dogmes ont toujours une odeur de clan ; ils sont la traduction de l’expérience historique d’un groupe humain définis et délimité. Ils sont l’expression de la perpétuelle recherche des hommes désireux de rationaliser leur expérience et trouver une explication à la vie. Le drame vient de ce que chaque clan prend ses propres dogmes pour de la foi. Au lieu de reconnaître les similitudes avec les autres systèmes de pensées des autres clans, ils ne s’attachent qu’aux différences qu’ils s’empressent de glorifier. Nous ne pouvons nous empêcher de penser que cette défense des prés carrés dogmatiques sert à justifier des comportements agressifs qui se fondent eux-mêmes sur la lutte égotique pour la puissance.
C’est là l’intérêt de notre foi druidique et polythéiste : nous n’avons aucun dogme à faire valoir, le Souffle de l’Awen est vivant ; et pour nous, tenter de le figer dans un dogmatisme serait le renier.
A ce stade de notre exploration et de nos réflexions quitte à digresser un tantinet il nous parait essentiel de préciser que la foi druidique se doit, en ce siècle à venir, d’être fortement imprégnée de féminin sacré et donc d’une résonnance matriarcale à même aujourd’hui de proposer une alternative aux patriarcats agressifs des religions du Livre. Tentons de développer cela : il y a une opposition et antinomie entre les notions de patriarcat et matriarcat difficilement réconciliable quoique complémentaires finalement. Le matriarcat se rattache à l’amour inconditionnel, l’égalité naturelle, le focus mis sur les liens du sang et du sol, de la compassion, de l’indulgence. La logique patriarcale se réfère à l’amour sous condition, la structure hiérarchique, la pensée théorique, les lois faites par l’homme pour l’homme, de l’état de droit, de la justice. L’ego et le corps, la raison et le sentir en sont aussi d’autres représentations respectives. Nous pouvons en effet aussi assimiler le patriarcat aux croyances établies, la culture ; tandis que le matriarcat penche du coté du corps, des affects, de la foi et la nature. Il est flagrant que le patriarcat est aujourd’hui en crise identitaire car devenu tributaire de la science et de la technologie au point qu’il est en phase de déclin avéré. Aussi tant que le matriarcat n’aura pas restauré sa vraie position qui se doit d’être égalitaire en conservant une relation de polarité il y aura un point d’équilibre entre les contraires à restaurer.
Or les religions nativistes dont le druidisme est une facette sont à même, en assumant leur identité matriarcale voire en l’exacerbant momentanément, de contribuer, aujourd’hui, à restaurer ce nécessaire point d’équilibre en nous, entre nous et autour de nous
Enfin et en guise de conclusion, non pas de notre réflexion qui ne verra jamais la fin et qui tel l’horizon se déplace à mesure que nous cheminons ; mais plus prosaïquement en conclusion de cet article.
Puisque pour nous le sacré est dans la nature et que la nature est le sacré, cherchons la clef en Elle. Nous constatons que peu s’abandonnent totalement à leur foi comme un animal. Tout animal vit en se reposant sur la foi : demain lui apportera de quoi survivre. Il s’endort chaque soir sans anxiété quant au futur, sans savoir que ce futur peut devenir désastre. L’animal vit principalement dans le présent, sa conscience n’embrassant le passé et l’avenir que dans une mesure très limitée. Sa foi n’est pas consciente ou portée par un dogme ; elle est l’expression de sa force vitale. Pour l’humain il est impossible d’anticiper, prévoir. Si l’homme vit dans son ego et la projection de son mental ; l’animal vit en conscience dans son essence l’instant présent sachant qu’il est dans la main des Dieux en équilibre et résonnance au creux des cycles de la vie
«Il n'y a que deux façons de vivre sa vie. L'une est de croire que rien n'est un miracle. L'autre est de croire que tout est un miracle» - Albert Einstein
Bien entendu cet article n’est que l’écho de ma vérité criée à la face du monde
Brestos
La Foi, la fée de l'âme*
La foi est un souffle, une plume légère qui se pose sur ton front quand ton cœur s'ouvre. La foi est un théâtre où les actes sont Amour.
La foi est un regard de mère qui se pose sur toi et qui te donne la force de croire en ce que tes yeux ne voient pas toujours.
La foi est un acte aveugle, guidée par le cœur.
Quand la foi se fait sommeil parfois dans l'ombre, quand, fatiguée et exsangue, en tes rêves démunie tu ne crois plus.
Quand, petit être de chimères, tu te roules dans une agonie de mots qui ne résonnent plus, quand, aveugle tu dois poursuivre ton chemin car tu as perdu le regard du cœur, alors tu te dis parfois que ta foi t'a peut-être abandonnée.
L'homme apeuré avance parfois seul sur ses chemins intérieurs, il se dit avoir perdu la foi mais la foi est là, tapie dans l'ombre, attendant le réveil du libre arbitre.
Quand tes yeux brûlés se confondent en sanglots et en rage de ne plus croire en toi, en la foi de dieu en toi, divine et éternelle absence de celui qui attend.
Alors courbe-toi et regarde le ciel, en lui, la foi renaît d'un amour éternel. La foi est partout, elle est partout en nous, et même en ceux qui ne veulent pas d'elle.
La foi est une amie qui guide, une amie qui soigne et qui guéri la foi est le baume de l'âme, en elle et par elle l'homme apprend à voler...
La foi est un élan du cœur qui ne s'enseigne pas, tu te réveilles un matin et le vent se lève, le vent caresse ton front d'un souffle chaud, des frissons parcourent ta colonne entière et pourtant tu as chaud. Un brasier est en toi et il t'appelle, la foi est là tu le sais,
Le Divin est là aussi il attend ton appel, toi qui ne savais pas il y a peu de temps encore comment prier. Des années de conditionnements à nier l'existence des divinités et soudain tu laisses tout ce qui t'a été appris, tu laisses tes peurs, tes culpabilités, tes regrets et tes doutes et il ne reste rien, rien qu’elle toi et le Divin.
La trilogie mariale est à réinventer : elle est là et tu regardes en toi ce que tu ne voulais pas voir le souffle coupé, le cœur rythmant la marée de cette somptueuse découverte.
La foi est un oiseau libre, aucun dogme, aucune convention aucun schéma ne peuvent l'emprisonner. La foi est ce souffle d'amour qui échappe aux pouvoirs de ceux qui veulent la soumettre et la plier.
On ne peut pas décider de renforcer la foi par l'esprit ou par l'intelligence la foi échappe à ces domaines, la foi est lovée dans le cœur et elle n'admet d'autre berceau.
Seuls les actes d'amour ont le pouvoir de fortifier la foi.
Donner sans rien attendre en retour. Le rideau se lève et vous êtes peut-être dans la foi.
Dans la foi il n'y a aucune urgence, les fruits de notre foi ne seront pas récoltés par nous mais par nos enfants.
Alors a-t-on vraiment le droit de leur laisser des arbres sans fruits ?. Celui qui cherche un quelconque pouvoir dans la foi ne cherche pas le Divin mais renforce sa propre vanité.
La foi est un acte d'amour qui n'attend aucun merci en retour car il est don de soi, don du cœur, don où se conjuguent toutes les vibrations
Fraternellement. Perce-neige.
* Texte trouvé sur la Toile
Plaidoyer pour un néo druidisme acteur de demain
Plus que la résurgence d’une culture celtique ou la vaine réhabilitation d’une religion druidique qui aurait (miraculeusement) survécue à la destruction durant deux millénaires ;il faut de mon point de vue concevoir le néo druidisme naissant comme une réponse (parmi d’autres) à un besoin de spiritualité diffus et insatisfait dans notre société occidentale. Mais aussi et surtout l’appréhender comme un creuset capable de mêler culture celte avec spiritualité et restauration de la Nature.
Porter ou plutôt tâcher d’incarner (modestement) un idéal druidique aujourd’hui, c’est oeuvrer à concilier l’amour de la Terre mère nourricière et le respect de son prochain dans le cadre des traditions celtiques qui nous restent.
Le rapport moderne ( encore malheureusement en vigueur)de l’Homme occidental à la Nature est parti sur des bases de confrontation, d’opposition avec comme hypothèse de départ la nécessité du passage irréversible de l’animal à l’homme et de l’état de nature à l’état de société. . L’arme de la civilisation triomphante, où l’homme s’opposerait victorieusement à la nature, fût la « domestication ».
Domestication qui implique le contrôle de tout ce qui est naturel en nous (les instincts) et autour de nous ( la nature à conquérir).On le devine, cet idéal de maîtrise et de contrôle renvoie explicitement à un paradigme qui s’est imposé grâce aux deux piliers que furent la religion judéo-chrétienne et la science rationnelle.
La « société contre-nature », en dépit de ses interdits pesants, triomphe ainsi historiquement depuis des siècles dans la mesure où elle prétend libérer l’homme d’une nature supposée aliénante et cruelle. La science occidentale constitue l’une des manifestations de la modernité. Elle poursuit logiquement son projet d’intelligibilité et de maîtrise du monde.
A cette fin, le face à face nature/culture y est posé comme un postulat sans qu’on s’inquiète outre mesure de son caractère arbitraire. Le scientifique surplombe souverainement la nature comme l’homme s’imagine s’en être détaché. Par là l’homme impose son schème culturel à la nature dont il expurge les mouvements organiques pour en restituer une formulation quasi mathématique.
On voit bien que ce paradigme a atteint ses limites. Force est aujourd’hui de constater la faillite de notre fonctionnement actuel car ce que l’homme fait à la toile de la vie ; il le fait à lui-même.
« En dégradant la nature, nous nous sommes dégradés nous-mêmes ; l’homme ne peut s’extraire de la nature, comme s’il n’en faisait pas lui-même partie[1] »
En effet, la nature que l’on croyait avoir reléguée au ban de la société surgit cependant parfois de façon inopinée. Les marques de l’animalité réapparaissent sous le trait des instincts. Impulsions sexuelles ou agressives doivent ainsi être notamment canalisées, d’où la construction d’un système normatif pesant (ascèse, contrainte, parenté…) en vue d’assurer la stabilité de la société.
Nature et culture sont en interaction permanente, il est donc vain de vouloir arrêter l’histoire à un moment donné ; il serait à contrario plutôt conseillé d’en poursuivre le cours en tenant compte de ces interactions.
Nous (l’espèce humaine) venons de comprendre que notre sort est irrémédiablement lié à celui de notre planète et que notre expansion, fruit de notre triomphe technologique, porte les germes de notre destruction programmée. Dans le même temps l’homme découvre que sa propre activité n’est pas sans influence sur la planète, donc sur son salut. Il se croyait un nain rayonnant au milieu d’une nature immense contre laquelle il luttait pour survivre. Il se découvre responsable d’une planète finie, aux ressources finies, dont il menace la survie. Une révision philosophique déchirante s’impose à lui ; la vision issue des Lumières postulant la prééminence de l’homme sur la nature est morte. N’en déplaise à DESCARTES, l’homme ne peut espérer survivre à sa conquête que s’il renonce à son attitude de conquérant.
Il ne s’agit pas de considérer l’homme comme étranger à la nature, un intrus à évacuer, élément nuisible par essence. L’homme malgré tout le respect qu’il puisse désormais lui porter, ne pourra laisser la nature dans l’état où il l’a trouvé. Nous devons dorénavant. Considérer que l’homme est un produit de la nature. Comme tous les êtres vivants, il doit s’adapter et assurer la survie de l’espèce. C’est parce qu’il est dans la nature, qu’il est conduit à la respecter.
La Terre ne sera jamais plus comme elle était avant le développement de l’espèce humaine : c’est ainsi. Mais nous devons au plus vite chercher à nous intégrer encore mieux à notre planète, et, pour prendre un terme écologique, co-évoluer avec elle. Il ne s’agit plus là de parasitisme mais d’une véritable symbiose.
Nous devons raisonner à l’échelle de notre planète et mesurer l’impact de nos actions humaines à l’aune du contexte fini et ultime de la globalisation planétaire.
L’espèce humaine doit maintenant assumer ses responsabilités et comprendre qu’après l’ère de l’exploitation s’ouvre celle de la gestion et de la protection, après le temps de la rupture vient le temps de la symbiose avec notre environnement Après le temps de l’antagonisme doit fleurir celui de l’harmonie.
Dans ce contexte, la vision druidique du monde a un rôle majeur à jouer en qualité de lien entre la quête de spiritualité, de symbolisme émergents à l’orée de ce XXIème siècle et la mise en place d’un néo paradigme systémico écologiste indispensable pour affronter les défis de notre survie à moyen terme.
Ré-enchanter la nature, honorer de nouveau nos Dieux et Déesses, réensemencer nos clairières, restaurer les valeurs celtes permettront sans nul doute aux druidisants de demain d’apporter une pierre essentielle à la mutation du monde en cours.
Il est vain d’entretenir une stérile nostalgie en se demandant ce que serait le monde et notre rapport à notre planète si la religion druidique n’avait pas été détruite par l’église chrétienne romaine. Contentons nous d’accepter le fait que cela est. Intégrons le fait que si Dieux et Déesses nous ont abandonnés cela a un sens. La roue du destin et de la vie tourne et l’eau ne passe pas deux fois au même endroit. Quelqu’un dont je n’ai malheureusement pas le nom a écrit à ce propos que « l’on peut légitimement ne pas aimer son époque mais il est très dangereux de ne pas la comprendre ».
Réjouissons nous de l’impact que nous pouvons dès aujourd’hui avoir sur le monde en marche; du constat que les temps présent et à venir comptent sur ce que le druidisme peut leur apporter. Restons debout et vrais à la face du monde de demain. Faisons de la renaissance druidique l’acteur privilégié de la construction d’une éthique planétaire respectant la vie, l’homme dans sa globalité. L’avenir doit se construire et non se subir.
BRESTOS
" Mieux vaut allumer une bougie que maudire les ténèbres" LAO TSEU
Quelques repères chronologiques à méditer :
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L’univers visible date de 12 à 15 milliards d’années
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La terre date de 4,5 milliards d’années
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L’homme date de 4,5 millions d’années au plus
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Depuis les années 50, l’atmosphère terrestre s’est élevée d’un degré. On attend 4° d’ici le milieu du 21ème siècle