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Le Druidisme : une religion écologique ?

Le Druidisme : une religion écologique ?

 

A l’occasion de la dernière célébration d’Imbolc de la clairière salienne d’Andarta ; durant le temps des agapes méritées au regard du froid, inhabituel pour la plupart d’entre nous, froid cinglant que nous avions affrontés vaillamment et dont nous récupérions doucement. Avec donc ce réchauffement de température, aidé en cela par un excellent Hypocras, nous en sommes venu à parler écologie car mon liquide vaisselle ne semblait pas être estampillé « bon pour la planète ». Un mot en entrainant un autre il apparut qu’en définitive nous étions certes d’accord pour accorder au druidisme son étiquette écologique mais sans posséder semble –t-il il une vision commune et partagée ce cette même écologie.

Intrigué par ce constat, je suis allé googouliser et à la recherche « druidisme et écologie » je tombe, en tête de gondole, sur le lien suivant http://www.fluctuat.net/6878-Le-cote-obscur-de-l-ecologie un article ...comment le qualifier ? Laissons le parler de lui-même avec un titre déjà prometteur : intégrisme vert, le coté obscur de l’écologie …tout un programme qui fut loin d’être décevant ; allez je vous mets les premières phrases afin de placer le décor :

« Néodruidisme, véganisme, décroissance… Des courants d’ères apocalyptiques que l’on peut apparenter de près ou de loin à la mouvance écologique. Incollables en ressources planétaires, les écolos le sont également en néologismes barbares.

Le parti écolo a toujours été un agglomérat de courants aussi difficiles à lier qu’une pâte à pain sans farine. L’occasion de nous pencher sur les quelques associations, groupes ou courants, aux idées parfois farfelues qui aiment Dame Nature.

Le néo druidisme :à  ne pas confondre avec le druidisme (fondements de la religion du peuple celte), le néo druidisme est né en 1717 sous la faux de John Toland. En 1781, Henry Hurle fonde un second mouvement et en 1792 Lolo Morganwg un troisième. Même si certains le revendiquent, il n’existe pas de filiation remontant aux druides de l’antiquité.

Question. Mais quel est le rapport avec l’écologie ? Justement. D’inspiration maçonnique, les nouveaux Panoramix, qui n’ont ni inventé le fil à couper le beurre ni la potion magique, prônent l’harmonie avec la nature. Sacrée la terre, sacrée la nature. Esotérisme et écologie ont souvent fricoté, les communautés des années 60-70 le prouvent… »

De la poésie pure dont je vous fais l’économie de la suite qui démontre si besoin est que plus on force la caricature et l’amalgame plus cela passe. Article inquiétant toutefois quand à notre crédibilité et qui doit nous inciter, outre le fait de mesurer et peser chacune de nos interventions publiques,  à nous mettre au clair sur ce que peut être l’écologie  et notre positionnement à son égard.

Un concept d’écologie qui tend à faire de plus en plus consensus en réaction aux pollutions ressenties comme étant de plus en plus intrusives et inquiétantes. Pollution un mot aujourd’hui tristement banalisé mais aussi un vieux mot qui signifiait, il fût un temps jadis souillure et profanation, insulte, infection, viol et déshonneur Ainsi peut-on considérer raisonnablement l’article dont il est fait mention précédemment comme une pollution

Cependant, définir l’écologie n’est pas en définitive aussi simple que cela et on peut comprendre à la lecture des quelques phrases nauséabondes de l’article précédent qu’elle pose problème. En effet, elle  est souvent associée par un grand écart des représentations avec d’un coté des relents pétainistes fascisants qui ont une odeur prononcée de terroir vert de gris et de l’autre un éclat gauchiste qui fait l’apologie de la décroissance et critique la civilisation occidentale par l’éloge de l’art de vivre des indiens d’Amérique transposé sur les néo ruraux du Larzac. Ces deux extrêmes ne rendant évidemment pas hommage à une vision écologique que nous qualifierons de tempérée relevant d’une éthique de l’authenticité, du souci de prendre soin de soi par la revendication d’une qualité de vie non négociable.

 

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A y regarder de plus prêt, on peut même discerner trois branches ou courants distincts :

Le premier, sans doute le plus répandu, postule qu’à travers la nature c’est de l’homme qu’il s’agit et qu’il convient de protéger. Selon ce courant, si l’homme détruit l’environnement qui l’entoure il se met en péril, sciant la branche sur laquelle il est assis. Dans ce cadre que nous qualifierons d’anthropocentriste, la nature n’est prise en considération que de manière indirecte passée au préalable par le filtre humaniste. Elle n’est que l’environnement de l’homme, sa périphérie et non son centre.

Une autre option franchit quant à elle, une étape et inclus l’intérêt du monde animal en parallèle de celui de l’homme. Selon cette vision anglo saxonne la prise en compte du bien être de l’humain ne peut se concevoir au détriment de l’espèce animale.

La troisième voie fera avancer son spectre de pensée jusqu'à prendre en compte le bien être du monde végétal. Ici l’homme n’est plus considéré comme le centre du monde qu’il faut protéger, ne serait-ce que de lui-même, mais comme un élément de l’écosystème, de la biosphère terrienne qui dérive dans le cosmos.

Nous voyons donc que nous pouvons avoir une écologie environnementaliste superficielle d’un coté et à l’opposé une écologie profonde,  écocentrique voire biocentrique. D’un coté une vision politique basée sur un contrat social et de l’autre l’émergence d’un contrat naturel 

Une écologie profonde donc ancrée spirituellement qui propose un changement de paradigme et nous propose à la suite d’Aldo Léopold de « penser comme une montagne ».  Aldo Léopold qui peut d’ailleurs légitimement être considéré comme le mentor de cette écologie profonde voire radicale. Pour illustrer sa doctrine nous lui emprunterons ses paroles dans la préface de son essai sur « l’éthique de la terre » publié en 1949 soit un an après sa mort.

«  Lorsque le divin Ulysse rentra des guerres de Troie, il fit pendre à une même corde une douzaine d’esclaves femmes appartenant à sa maisonnée parce qu’il les soupçonnait d’inconduite pendant son absence. La question de la pertinence de cette pendaison ne se posait pas. Ces jeunes filles étaient sa propriété et la libre  disposition d’une propriété était alors, comme aujourd’hui, une question de convenance personnelle, pas de bien ou de mal. Et pourtant les concepts de bien et de mal ne faisaient pas défaut dans la Grèce de l’Odyssée…Aujourd’hui encore, il n’y a pas d’éthique  traitant de la terre ainsi que des animaux et des plantes qui croissent sur elle. La terre, exactement comme les jeunes esclaves de l’Odyssée, est toujours considérée comme une propriété. La relation à la terre est encore strictement économique ; elle comprend des privilèges, mais aucune obligation »

« Il y a deux grands courants écologistes dans le seconde moitié du XXème siècle. Le premier est réformiste. Il essaie de contrôler les pollutions de l’eau ou de l’air les plus criantes, d’infléchir les pratiques agricoles les plus aberrantes dans les nations industrialisées et de préserver quelques unes des zones sauvages qui y subsistent encore en en faisant des zones classées. L’autre courant défend lui aussi de nombreux objectifs en commun avec les réformistes, mais il est révolutionnaire ; il vise une métaphysique, une épistémologie, une cosmologie nouvelles ainsi qu’une nouvelle éthique environnementale du rapport personne / planète »

Des mots de 1949 manifestement vrais et justes aujourd’hui encore. Chacun peut donc de manière éclairée se positionner sur le curseur allant du simple tri sélectif à une révolution prônant la décroissance. Nous ne saurions ici vous dicter votre positionnement mais sans vouloir influencer, souvenons nous que parfois les révolutions avancent sur les ailes des colombes et ne sont pas (forcément) synonyme de violences sanglantes.

Pour approfondir le courant écocentrique nous ne pourrons faire l’impasse sur son versant global et spirituel ; ceci nous étant démontrés par les paroles (encore plus anciennes de celles d’Aldo Léopold) dont nous vous laissons déguster ci après de larges extraits choisis

« L’homme croit, quelquefois qu’il a été créé pour dominer, pour diriger. Mais il se trompe. Il fait seulement partie du Tout. Sa fonction ne consiste pas à exploiter, mais à surveiller, à être un régisseur. L’homme n’a ni pouvoirs, ni privilèges, seulement des responsabilités »

Voix des sages indiens, édition du rocher, 1994

«  Les blancs se sont toujours moqués de la terre, du daim et de l’ours. Quand nous, indiens, tuons du gibier, nous le mangeons sans laisser de restes. Quand nous déterrons des racines, nous faisons de petits trous. Nous ne coupons pas les arbres ; nous n’utilisons que du bois mort. Mais les blancs retournent le sol, abattent les arbres, massacrent tout. L’arbre dit : « Arrête j’ai mal, ne me blesse pas » Mais ils l’abattent et le découpent en morceaux. Comment l’esprit de la Terre pourrait il aimer l’homme blanc ? Partout où il la touche elle est meurtrie »

« Vous me demandez de labourer la terre. Dois-je prendre un couteau et déchirer le sein de ma mère ? Alors, quand je mourrai, elle ne voudra pas me prendre dans son sein pour que j’y repose. Vous me demandez de creuser pour trouver de la pierre. Dois je creuser sous sa peau pour m’emparer des ses os ? Alors, quand je mourrai, je ne pourrai plus entrer dans son corps pour renaître. Vous me demandez de couper l’herbe, d’en faire du foin, de le vendre pour être aussi riche que les hommes blancs. Mais comment oserais-je couper les cheveux de ma mère ? »

 « Nous rendons grâces à notre mère, la Terre, qui nous soutient. Nous rendons grâces aux rivières et aux ruisseaux qui nous donnent de l’eau. Nous rendons grâces à toutes les plantes, qui nous donnent les remèdes contre nos maladies. Nous rendons grâces au maïs et à ses sœurs les fèves et les courges, qui nous donnent la vie. Nous rendons grâces aux haies  et aux arbres qui nous donnent leurs fruits. Nous rendons grâces au vent qui remue l’air et chasse les maladies. Nous rendons grâces à la Lune et aux étoiles qui nous ont donné leur clarté après le départ du Soleil. Nous rendons grâces au Soleil qui a regardé la Terre d’un œil bienveillant. Enfin nous rendons grâces au Grand Esprit en qui s’incarne toute bonté et qui mène toutes choses pour le bien de ses enfants »

Paroles indiennes, Albin Michel, 1993

Manifestement les natifs américains avaient un discours clair et combien éclairant ; ce qui nous interpelle étant l’imbrication religieuse profonde positionnant dans leurs propos l’écologie comme la clé de voute de toute une religiosité

 

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Y-aurait-il une religion écologique ou écologiste ?

Toutes les religions ont en effet déjà  délivré un message cohérent sur la nature. Pour les trois grands monothéismes, elle est l’œuvre du créateur, confiée aux hommes pour qu’ils la gèrent avec délicatesse et tendresse, comme fait un bon jardinier de son jardin. Mais la nature sait aussi se montrer redoutable : d’où, dans la bible, des phrases sévères invitant l’homme à la dominer et à la soumettre. De là est née l’idée d’une parfaite incompatibilité entre les Ecritures et l’écologie. « Le croissez et multipliez » biblique peut-il, de plus, être compatible avec une gestion raisonnée des ressources épuisables à moyen terme ?

Les paroles indiennes, lues ci-avant, nous démontrent de surcroit que comme nous regardons le monde, il le devient ; que leur paradigme n’est pas celui des occidentaux et qu’ils ne pouvaient in fine se comprendre mutuellement

Paradigme ; le mot est lancé ; un mot dans l’air du temps : paradeigma, en grec, signifie modèle dont on s’inspire  pour réaliser une œuvre, plan directeur d’architecte ou prototype idéal servant de guide à une déité constructrice, pour produire le monde sensible des formes. En fait, on l’utilise aujourd’hui volontiers (et sans précautions) pour signifier une représentation de l’univers et de l’homme permettant de rendre compte de tous les phénomènes observables et de conduire les individus et la société sur la voie d’un épanouissement harmonieux.

Devons nous changer de lentilles et nous forger un nouveau paradigme au sein duquel écologie et religiosité seraient tricotés ensemble ?

Avec son bouillonnement d’idées, ses radicales remises en question, notre monde ressemble à un alambic d’alchimiste où travaille une masse d’images et d’énergies, traversée de violents courants qui ne laissent rien en place. On peut raisonnablement penser que c’est une refonte complète de l’ancien paradigme de l’Occident judéo-chrétien qui se prépare. Mort inévitable d’un cadre de pensée trop étroit et qui a fait son temps. La science triomphante nous avait éloignés du divin, en tenant en respect ses diacres incapables de dialoguer avec elle, et, coupés eux-mêmes de l’ésotérisme vivant de leur religion. Toutefois en explorant cette matière qui était son unique objet, la science, en touchant le fond de l’inaccessible dimension particulaire, voit le piège se refermer sur elle qui ne peut plus reculer : cachée partout dans le plus petit atome, la conscience est là, qui participe activement à l’ordre cosmique. Il lui faut revoir ses modèles pour faire place à cette empêcheuse d’expérimenter en rond

Relier, reliare, religion : ce qui nous reliait à plus grand que nous s’éloigne, ou plutôt s’est réfugié et se cache au fin fond des consciences. Le progrès, c’est celui des sciences et des techniques, voire le progrès économique et social, mais certes plus celui de la vie intérieure, là où se joue pourtant la grande aventure de l’humain, de l’éveil des consciences. Pourtant le mot « méditer »  (aller vers le centre) hérité de l’orient fait fureur. Mais à quoi sert de méditer par ces temps où l’on prie si peu ?

Force est de constater que chacun se confectionne sa propre vision du monde et répond individuellement à ce besoin de spiritualité et de conscience générée en réaction à  une technicité exacerbée. Chacun effrayé par la rigueur, la discipline et l’ascèse sacerdotale se fera sa propre petite sauce, son autel particulier sans passer par la case disciple bien trop proche de celle de la discipline. L’attitude de consommateur passif  développée entre autre par le tube cathodique imprègne de plus en plus les mentalités de ceux qui s’intéressent à la recherche spirituelle. Etre sur le chemin c’est se situer en élève. Or beaucoup se situent aujourd’hui non en élève mais en patient voulant se sentir mieux voire même en client.

De plus en plus de personnes en quête de repères,  concernées par la défense de la nature, la recherche de bien être, un passage de l’avoir à l’être ; sont tentés par des visions spirituelles syncrétiques et amalgamantes qui sont autant de cocktails spirituels qu’ils se font ponctuellement afin de  se soulager de leurs symptômes

Certes il est de coutume de dire qu’il n’est pas nécessaire de prendre beaucoup de médicaments mais ceux dont vous avez besoin. De même que nombreux sont dans notre monde hypocondriaque les adeptes de l’auto médication qui se bourrent de pilules. Semblables en cela aux nouvelles spiritualités qui vivent dans l’illusion qu’elles iront plus vite en mélangeant les approches de manière personnelle. La frustration est bien souvent à l’arrivée de ces démarches autodidactes générées par des comportements désordonnées, une recherche incohérente. Rechercher le sensible pour le sensible, l’expérience pour l’expérience, fut-elle mystique est de notre point de vue une impasse. La spiritualité vécue l’est toujours au quotidien, dans toutes les circonstances de l’existence, indépendamment des états que l’on peut éprouver qui relèvent de l’instabilité et l’impermanence. On a tant avec les religions du Livre insisté sur les dogmes, la morale que s’est fait jour une soif d’intériorité, une envie nostalgique de mystique. Il est sain de chercher la réalisation plutôt que la croyance, le vécu intérieur plutôt que l’observance extérieure. Mais l’erreur est de réduire la vie spirituelle aux expériences et d’autre part prétendre accéder facilement à l’essentiel en puisant à droite et à gauche, sans discernement, au gré des circonstances, des attirances, des portes qui s’ouvrent ou se ferment. Prenons pour illustrer cela la métaphore d’Ugolin  qui cherche de l’eau pour arroser ses œillets ; s’il n’a pas son papé initié qui lui dira où creuser,  il va forer à l’aveuglette. De même, s’il n’a pas l’abnégation, le courage et la foi en les indications de son papé, il va renoncer à 12 mètres de profondeur pour aller creuser ailleurs alors que la veine d’eau se trouvait à 13 mètres

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Voilà, finalement je pose le clavier, me relis et m’aperçoit que je me suis laissé emporté par mon élan quoique cet élan soit corrélé aux ripailles de la purification germinatrice d’Imbolc.

En conclusion je vous offre deux textes différents et pourtant, pour vous qui m’avez courageusement suivi jusque là évidemment, complémentaires …vous voilà arrivé aux 13 mètres trempez vos lèvres aux mots qui suivent, savourez et réchauffez vous à eux ;

« nous ne cessons pas de perdre la mémoire des actes étranges auxquels s’adonnaient les prêtres dans des réduits sombres et secrets où, ils habillaient la statue d’un dieu, l’ornaient, faisaient sa toilette, la levaient ou la sortaient, lui préparaient un repas et lui parlaient indéfiniment, et cela chaque jours et toutes les nuits, à l’aurore, au crépuscule, quand le soleil et l’ombre venaient à leur acmé. Craignaient-ils qu’un seul arrêt de cet entretien continu, infini, ouvrit des conséquences formidables ?  Amnésiques nous croyons qu’ils adoraient le dieu ou la déesse, sculptés de pierre ou de bois ; non : ils donnaient à la chose elle même, marbre ou bronze, la parole, en lui conférant l’apparence d’un corps humain doué de voix. Ils célébraient donc leur pacte avec le monde. Nous oublions de même pour quelles raisons les moines bénédictins se lèvent avant le jour pour chanter matines et laudes ; non loin de nous, trappistes, carmélites encore égrènent sans trêve l’office divin. Ils ne suivent pas le temps, mais le soutiennent. Leurs épaules et leurs voix, de versets en oraisons, portent les minutes le long de la fragile durée, qui sans eux, se casserait. Pénélope, jour et nuit, ne quittait le métier de tapisserie. Ainsi la religion repasse, file, noue, assemble, recueille, lie, relie, relève, lit ou chante les éléments du temps. Le terme religion dit exactement ce parcours, cette revue ou ce prolongement dont l’inverse a pour nom négligence, celle qui ne cesse de perdre le souvenir de ces conditions et paroles étranges. Les doctes disent que le mot religion pourrait avoir deux sources ou origines. D’après la première, il signifierait, par un verbe latin : relier. Nous relie-t-elle entre nous, assure-t-elle le lien de ce monde à un autre ? D’après la deuxième, plus probable, non certaine, mais voisine de la précédente, il voudrait dire assembler, recueillir, relever, parcourir ou relire. Mais ils ne disent jamais quel mot sublime la langue place en face du religieux, pour le nier : la négligence. Qui n’a point de religion ne doit pas se dire athée ou mécréant mais négligent. Dans les temples d’Egypte, de Grèce ou de Palestine, les ancêtres, dis-je, soutenaient le temps comme anxieux de lacunes possibles. Ils reliaient, assemblaient, recueillaient, relevaient, ne cessaient jamais comme les moines tout au long de la journée. La modernité néglige, absolument parlant. Elle ne sait ni ne peut, ni ne veut penser, ni agir vers le global, temporel ou spatial. Par les contrats exclusivement sociaux, nous avons laissé le lien qui nous rattache au monde, celui qui relie le temps qui passe et coule au temps qu’il fait. De quelles diligentes épaules soutenir désormais ce ciel immense et fissuré dont nous craignons, pour la deuxième fois d’une longue histoire qu’il ne nous tombe sur la tète ? »

Michel SERRES « le contrat naturel » 1990.

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« On ne peut évoluer qu’en se transmutant constamment mais, pour ce faire, il faut avoir acquis un certain pouvoir sur soi car toute transformation est douloureuse. Elle doit passer obligatoirement par une descente dans ses enfers et une domination ou une « destruction » de ses démons intérieurs qui se nourrissent, entre autres, de la substance émotionnelle non contrôlée de l’homme et de ses pensées négatives créatrices d’entités. L’évolution se passe de dogmes car chaque être a sa gamme musicale particulière, issue de la gamme divine, dont il faudra tenir compte pour lui faire jouer la mélodie de son âme. Mais il ne peut devenir musicien, donc harmonieux, que s’il se laisse pénétrer par les puissances de la Nature qui l’exalteront et le magnifieront. Celui qui veut être musicien de son âme doit d’abord apprendre à voir, à aimer et à sortir d’un système de pensées artificielles, c'est-à-dire non vécues de l’intérieur. Le nomadisme de l’âme est la pire des choses, car l’homme doit savoir vivre au centre de lui-même s’il veut rayonner sur ses terres intérieures et sur celles des autres ; mais il doit le faire pour l’évolution cosmique et non pour lui-même…L’homme ne voit plus rien dans la Nature, pas même son reflet ; il ne la respecte plus ; il lui prend tout sans rien lui donner en retour, et nous assistons à un incroyable gaspillage du potentiel écologique. Il se la rend lointaine et hostile, car de médiateur il est devenu pillard éhonté, d’enchanteur il s’est transformé en destructeur »

Mario MERCIER, « La nature et le sacré » , Dangles, 1983

 

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22/04/2016
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roue de l'année

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18/12/2015
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Alban Arthuan

Alban Arthan  ou Solstice d’hiver

Voici la saison de l’alban Arthan, la célébration qui suit Samonios, la mort du Dieu.  Voici que renaît l’espoir et l’attente d’un renouveau.

Il arrive souvent que l’on confonde Al ban Arthan encore nommé Yule avec le solstice d’hiver alors que Yule est une saison, une période étalée dans le temps, alors que le solstice est vraiment un moment précis et particulier.  La saison de Yule débute avec la Pleine Lune de fin novembre ou début décembre, on appelle cette lune, entre autres noms, Arra Geola.  Donc, cette pleine lune initie la période de Yule, qui en fait, dure deux mois lunaires. 

Pour la plupart des païens, Yule commence la nuit du solstice, appelée également Nuit de la Mère, et se termine environ deux semaines après mais plusieurs fêtent la période de Yule tout au long de décembre, janvier et elle se terminera donc en février.

Même si la plupart des païens ne fêtent pas cette période  que les chrétiens ont appelée Noël, beaucoup d’entre nous sommes nés dans des familles non-païennes qui ont instaurés la tradition de Noël dans nos cœurs avec le sapin, la bûche, les cadeaux et les odeurs agréables et spécifiques de cette saison….On pourra dire que la naissance du Dieu appartient au paganisme et a été reprise par la chrétienté mais ça, c’est un autre débat.  Toujours est-il que beaucoup d’entre nous y voient un moment de célébration et de recueillement, de préparation pour la nouvelle année, le nouvel enfant à venir.

 

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Que nous soyons païens ou non, nous utilisons les mêmes symboles et nos traditions s’amalgament facilement pour nous permettre de faire notre propre célébration sans que cela ne soit mal vu.  Quand on regarde Jésus dans la crèche, nous comprenons que le Dieu est revenu nous amenant avec lui l’espoir d’un ordre nouveau, l’espoir d’une nouvelle année qui comportera des expériences que nous nous souhaitons belles et fructifiantes.

Le sapin figure pour nous l’Arbre de Vie, celui qui éternellement reste vert et qui a refusé de mourir mais qui reste l’axe du monde, le pilier sur lequel s’établira le nouveau monde pour la prochaine année, celui qui connecte les sept plans divins ou les neufs pour la tradition nordique.  Pour moi, il représente aussi particulièrement notre corps physique avec son tronc ses racines et notre corps énergétique avec ses aiguilles qui ressemble à ces milliers de petites pointes qui émergent de notre corps énergétique lorsqu’on peut les voir à la vision éthérique et qui sont autant de petits réceptacles d’énergies cosmiques.

La Nuit de la Mère (solstice) ou Modraniht, est la plus longue de l’année et ce que peu de gens savent c’est que c’est un moment particulier où surtout les hommes doivent rendre hommage à nos mères, grands-mères, arrières grand-mère pour tout le soin qu’elles ont toujours apportés aux enfants et aux générations qui venaient à elle.  C’est une nuit particulière pour se rassembler et boire ensemble un de ces bons vins à la cannelle et aux épices en souvenir de ce féminin sacré, de ses femmes qui ont portés et nourris les enfants, de cette Mère qu’on appelle Gaïa et qui continue et persévère à nous offrir sa vie.  Donc, ce soir-là, si vous ne pouvez vous rassembler pour cet hommage, ayez une pensée envers cet immense travail accompli par toutes ces femmes à travers le monde et à travers le temps…Levez votre verre comme le faisaient les ancêtres celtes et nordiques qui remplissaient la corne ou la coupe et buvaient tour à tour en partage et en remerciement à ces femmes merveilleuses.  Cela marquera également le début des célébrations de Yule.

La tradition païenne veut aussi que le temps de Yule soit propice aux rassemblements, et aux chants entonnés ensemble pour faire entendre nos voix, notre allégresse et amener nos souhaits au Divin, n’hésitez surtout pas à chanter et à exprimer votre joie que cette période d’attente et d’espoir arrive à une fin heureuse et pleine de promesse.  Une des façons amusantes de célébrer ces moments particuliers est également de sortir et de chanter aux voisins, à l’entourage comme le font les « Christmas carolers » en récoltant des biens pour les gens démunis.  Mais il n’est pas donné à tout le monde de faire cela, certains en sont gênés, ou n’ont pas l’opportunité de se regrouper donc, du côté païen, anciennement, les gens sortaient avec leurs verres bien remplis (et une cruche pour les remplir à nouveau) et allaient au milieu d’une clairière dans un petit bois, et là, ils se mettaient à chanter aux arbres, à chanter et à partager leur joie avec ces géants des forêts pour leur apporter la bonne nouvelle.  À la fin des chants, ils aspergeaient les arbres du liquide précieux qui les rendait si joyeux et trempaient des morceaux de pain, dans le vin chaud, qu’ils accrochaient aux branches dans un signe de communion avec la nature.  C’est une tradition intéressante à  faire avec vos enfants, on peut prendre du jus de pommes avec un peu de cannelle, d’orange, de miel et aller faire cette offrande en chantant à un arbre.

 

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18/12/2015
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Préceptes druidque de vie

 préceptes druidiques de vie :

1. Se connaître est bien, se maîtriser est mieux.
2. C’est par l’exercice que tu acquerras la puissance de la volonté, par l’exercice que tu la garderas.
3. Ne laisse pas la crainte ni le doute te paralyser, ils limitent et détruisent tout.
4. Ce qu’il convient de faire, décide-le ; ce que tu as décidé, entreprends-le ; ce que tu as entrepris, achève-le.
5. Si rude et si obscure que soit la tâche quotidienne, accomplis-la dans la joie.
6. Ne ralentis pas ton ascension par un lest inutile, composé d’orgueil et de suffisance.
7. Sache vaincre toute fatigue de ton corps, tout faux pas de ton esprit, toute défaillance de ton âme.
8. Si tu ne peux modifier les hommes et les évènements à l’image de tes désirs, que du moins ce ne soit pas eux qui te modifient.
9. Mets ton point d’honneur à n’avoir de serviteur que toi-même.
10. N’érige pas autrui en juge de tes actions.
11. En quelque circonstance que tu te trouves, demeure comme une île au milieu des vagues, comme une montagne au milieu des nuages.
12. Garde ton sang-froid dans tout danger.
13. Ne te force jamais : prends patience, garde la joie et le sourire, vise à l’harmonie.
14. Apprends de l’étranger ce qui peut t’être utile, mais ne cherche pas à l’imiter.
15. Utilise analogies et symboles, ils te permettront de penser et de comprendre là où finit ta raison, où il te manque les mots pour exprimer ta pensée.
16. Apprends que toute pensée est stérile, si elle n’est pas rendue vivante par l’émotion ou le sentiment, elle est alors semblable à une coque vide.
17. Pense en image, précise tes pensées, résume le tout par un symbole qui deviendra pentacle.
18. Grâce à ces Conseils tu garderas la loi, et tu t’élèveras au dessus de toi-même.

Ces préceptes sont extraits des "Kelennadurezh du Druide Vissurix 3778 / 3821".

 

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03/10/2015
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Préceptes de vie (Cuchulainn)

Les préceptes de Cúchulainn

Ne cherche pas de querelle violente et vulgairement basse,
ne sois pas fier, rude et hautain,
ne sois pas peureux, violent, impulsif, téméraire,
ne sois pas abaissé par la richesse qui ruine et enivre,
ne sois pas la puce qui perd la bière dans la maison du roi,
ne sois pas l'homme des longs séjours sur la frontière de l'étranger,
ne recherche pas des hommes sans réputation et sans puissance,
ne laisse pas forclore(1) le délai en dehors d'une base légale,
conseille d'avoir recours à la mémoire pour savoir quel est l'héritier de la terre,
fais interroger les anciens historiens justement et valablement en ta présence,
qu'il se trouve des juges pour les familles et le pays,
qu'on allonge les généalogies quand naissent des enfants,
que l'on appelle les vivants et que, par leurs serments, on rende la vie aux endroits où ont vécu les défunts,
que les héritiers augmentent leur bien suivant le droit naturel,
place les étrangers suivant l'importance de leur rang.

Ne discute pas en bavardant,
ne parle pas bruyamment,
ne fais pas le bouffon,
n'use pas de moquerie,
ne […. ?....] les vieillards,
ne soit mal disposé envers personne,
ne demande rien de difficile,
ne renvoie personne sans lui accorder une requête [?],
accorde avec grâce, refuse avec grâce, promets avec grâce,
sois humble devant les enseignements des sages,
souviens-toi des règles faites par les vieillards,
observe les lois ancestrales,
n'aie pas le cœur froid envers tes amis,
sois énergique contre tes ennemis,
n'aie pas une figure de querelle dans les assemblées,
ne sois pas bavard et injurieux,
n'opprime pas,
ne garde rien qui ne te soit un profits,
couvre de ta réprobation ceux qui commettent des injustices,
ne condamne pas la vérité à cause des désirs des hommes,
ne romps pas les contrats pour ne pas être repentant,
ne sois pas querelleur pour ne pas être haineux,
ne soit pas paresseux pour ne pas être faible,
ne soit pas trop pressé pour ne pas être vulgaire,
applique-toi à suivre ces préceptes, ô mon fils(2)


(1) Exclure, dans le sens de priver du bénéfice d'une faculté ou d'un droit non exercé dans les délais fixés. Pour le dire autrement, être déchu de ses droits
(2) Traduction Christian J. Guyonvarc'h « La maladie de Cúchulainn", Ogam, 10, 1958, p. 294-295, § 25-26

 

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03/10/2015
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