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Paganisme - Druidisme


Le Druidisme : une religion écologique ?

Le Druidisme : une religion écologique ?

 

A l’occasion de la dernière célébration d’Imbolc de la clairière salienne d’Andarta ; durant le temps des agapes méritées au regard du froid, inhabituel pour la plupart d’entre nous, froid cinglant que nous avions affrontés vaillamment et dont nous récupérions doucement. Avec donc ce réchauffement de température, aidé en cela par un excellent Hypocras, nous en sommes venu à parler écologie car mon liquide vaisselle ne semblait pas être estampillé « bon pour la planète ». Un mot en entrainant un autre il apparut qu’en définitive nous étions certes d’accord pour accorder au druidisme son étiquette écologique mais sans posséder semble –t-il il une vision commune et partagée ce cette même écologie.

Intrigué par ce constat, je suis allé googouliser et à la recherche « druidisme et écologie » je tombe, en tête de gondole, sur le lien suivant http://www.fluctuat.net/6878-Le-cote-obscur-de-l-ecologie un article ...comment le qualifier ? Laissons le parler de lui-même avec un titre déjà prometteur : intégrisme vert, le coté obscur de l’écologie …tout un programme qui fut loin d’être décevant ; allez je vous mets les premières phrases afin de placer le décor :

« Néodruidisme, véganisme, décroissance… Des courants d’ères apocalyptiques que l’on peut apparenter de près ou de loin à la mouvance écologique. Incollables en ressources planétaires, les écolos le sont également en néologismes barbares.

Le parti écolo a toujours été un agglomérat de courants aussi difficiles à lier qu’une pâte à pain sans farine. L’occasion de nous pencher sur les quelques associations, groupes ou courants, aux idées parfois farfelues qui aiment Dame Nature.

Le néo druidisme :à  ne pas confondre avec le druidisme (fondements de la religion du peuple celte), le néo druidisme est né en 1717 sous la faux de John Toland. En 1781, Henry Hurle fonde un second mouvement et en 1792 Lolo Morganwg un troisième. Même si certains le revendiquent, il n’existe pas de filiation remontant aux druides de l’antiquité.

Question. Mais quel est le rapport avec l’écologie ? Justement. D’inspiration maçonnique, les nouveaux Panoramix, qui n’ont ni inventé le fil à couper le beurre ni la potion magique, prônent l’harmonie avec la nature. Sacrée la terre, sacrée la nature. Esotérisme et écologie ont souvent fricoté, les communautés des années 60-70 le prouvent… »

De la poésie pure dont je vous fais l’économie de la suite qui démontre si besoin est que plus on force la caricature et l’amalgame plus cela passe. Article inquiétant toutefois quand à notre crédibilité et qui doit nous inciter, outre le fait de mesurer et peser chacune de nos interventions publiques,  à nous mettre au clair sur ce que peut être l’écologie  et notre positionnement à son égard.

Un concept d’écologie qui tend à faire de plus en plus consensus en réaction aux pollutions ressenties comme étant de plus en plus intrusives et inquiétantes. Pollution un mot aujourd’hui tristement banalisé mais aussi un vieux mot qui signifiait, il fût un temps jadis souillure et profanation, insulte, infection, viol et déshonneur Ainsi peut-on considérer raisonnablement l’article dont il est fait mention précédemment comme une pollution

Cependant, définir l’écologie n’est pas en définitive aussi simple que cela et on peut comprendre à la lecture des quelques phrases nauséabondes de l’article précédent qu’elle pose problème. En effet, elle  est souvent associée par un grand écart des représentations avec d’un coté des relents pétainistes fascisants qui ont une odeur prononcée de terroir vert de gris et de l’autre un éclat gauchiste qui fait l’apologie de la décroissance et critique la civilisation occidentale par l’éloge de l’art de vivre des indiens d’Amérique transposé sur les néo ruraux du Larzac. Ces deux extrêmes ne rendant évidemment pas hommage à une vision écologique que nous qualifierons de tempérée relevant d’une éthique de l’authenticité, du souci de prendre soin de soi par la revendication d’une qualité de vie non négociable.

 

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A y regarder de plus prêt, on peut même discerner trois branches ou courants distincts :

Le premier, sans doute le plus répandu, postule qu’à travers la nature c’est de l’homme qu’il s’agit et qu’il convient de protéger. Selon ce courant, si l’homme détruit l’environnement qui l’entoure il se met en péril, sciant la branche sur laquelle il est assis. Dans ce cadre que nous qualifierons d’anthropocentriste, la nature n’est prise en considération que de manière indirecte passée au préalable par le filtre humaniste. Elle n’est que l’environnement de l’homme, sa périphérie et non son centre.

Une autre option franchit quant à elle, une étape et inclus l’intérêt du monde animal en parallèle de celui de l’homme. Selon cette vision anglo saxonne la prise en compte du bien être de l’humain ne peut se concevoir au détriment de l’espèce animale.

La troisième voie fera avancer son spectre de pensée jusqu'à prendre en compte le bien être du monde végétal. Ici l’homme n’est plus considéré comme le centre du monde qu’il faut protéger, ne serait-ce que de lui-même, mais comme un élément de l’écosystème, de la biosphère terrienne qui dérive dans le cosmos.

Nous voyons donc que nous pouvons avoir une écologie environnementaliste superficielle d’un coté et à l’opposé une écologie profonde,  écocentrique voire biocentrique. D’un coté une vision politique basée sur un contrat social et de l’autre l’émergence d’un contrat naturel 

Une écologie profonde donc ancrée spirituellement qui propose un changement de paradigme et nous propose à la suite d’Aldo Léopold de « penser comme une montagne ».  Aldo Léopold qui peut d’ailleurs légitimement être considéré comme le mentor de cette écologie profonde voire radicale. Pour illustrer sa doctrine nous lui emprunterons ses paroles dans la préface de son essai sur « l’éthique de la terre » publié en 1949 soit un an après sa mort.

«  Lorsque le divin Ulysse rentra des guerres de Troie, il fit pendre à une même corde une douzaine d’esclaves femmes appartenant à sa maisonnée parce qu’il les soupçonnait d’inconduite pendant son absence. La question de la pertinence de cette pendaison ne se posait pas. Ces jeunes filles étaient sa propriété et la libre  disposition d’une propriété était alors, comme aujourd’hui, une question de convenance personnelle, pas de bien ou de mal. Et pourtant les concepts de bien et de mal ne faisaient pas défaut dans la Grèce de l’Odyssée…Aujourd’hui encore, il n’y a pas d’éthique  traitant de la terre ainsi que des animaux et des plantes qui croissent sur elle. La terre, exactement comme les jeunes esclaves de l’Odyssée, est toujours considérée comme une propriété. La relation à la terre est encore strictement économique ; elle comprend des privilèges, mais aucune obligation »

« Il y a deux grands courants écologistes dans le seconde moitié du XXème siècle. Le premier est réformiste. Il essaie de contrôler les pollutions de l’eau ou de l’air les plus criantes, d’infléchir les pratiques agricoles les plus aberrantes dans les nations industrialisées et de préserver quelques unes des zones sauvages qui y subsistent encore en en faisant des zones classées. L’autre courant défend lui aussi de nombreux objectifs en commun avec les réformistes, mais il est révolutionnaire ; il vise une métaphysique, une épistémologie, une cosmologie nouvelles ainsi qu’une nouvelle éthique environnementale du rapport personne / planète »

Des mots de 1949 manifestement vrais et justes aujourd’hui encore. Chacun peut donc de manière éclairée se positionner sur le curseur allant du simple tri sélectif à une révolution prônant la décroissance. Nous ne saurions ici vous dicter votre positionnement mais sans vouloir influencer, souvenons nous que parfois les révolutions avancent sur les ailes des colombes et ne sont pas (forcément) synonyme de violences sanglantes.

Pour approfondir le courant écocentrique nous ne pourrons faire l’impasse sur son versant global et spirituel ; ceci nous étant démontrés par les paroles (encore plus anciennes de celles d’Aldo Léopold) dont nous vous laissons déguster ci après de larges extraits choisis

« L’homme croit, quelquefois qu’il a été créé pour dominer, pour diriger. Mais il se trompe. Il fait seulement partie du Tout. Sa fonction ne consiste pas à exploiter, mais à surveiller, à être un régisseur. L’homme n’a ni pouvoirs, ni privilèges, seulement des responsabilités »

Voix des sages indiens, édition du rocher, 1994

«  Les blancs se sont toujours moqués de la terre, du daim et de l’ours. Quand nous, indiens, tuons du gibier, nous le mangeons sans laisser de restes. Quand nous déterrons des racines, nous faisons de petits trous. Nous ne coupons pas les arbres ; nous n’utilisons que du bois mort. Mais les blancs retournent le sol, abattent les arbres, massacrent tout. L’arbre dit : « Arrête j’ai mal, ne me blesse pas » Mais ils l’abattent et le découpent en morceaux. Comment l’esprit de la Terre pourrait il aimer l’homme blanc ? Partout où il la touche elle est meurtrie »

« Vous me demandez de labourer la terre. Dois-je prendre un couteau et déchirer le sein de ma mère ? Alors, quand je mourrai, elle ne voudra pas me prendre dans son sein pour que j’y repose. Vous me demandez de creuser pour trouver de la pierre. Dois je creuser sous sa peau pour m’emparer des ses os ? Alors, quand je mourrai, je ne pourrai plus entrer dans son corps pour renaître. Vous me demandez de couper l’herbe, d’en faire du foin, de le vendre pour être aussi riche que les hommes blancs. Mais comment oserais-je couper les cheveux de ma mère ? »

 « Nous rendons grâces à notre mère, la Terre, qui nous soutient. Nous rendons grâces aux rivières et aux ruisseaux qui nous donnent de l’eau. Nous rendons grâces à toutes les plantes, qui nous donnent les remèdes contre nos maladies. Nous rendons grâces au maïs et à ses sœurs les fèves et les courges, qui nous donnent la vie. Nous rendons grâces aux haies  et aux arbres qui nous donnent leurs fruits. Nous rendons grâces au vent qui remue l’air et chasse les maladies. Nous rendons grâces à la Lune et aux étoiles qui nous ont donné leur clarté après le départ du Soleil. Nous rendons grâces au Soleil qui a regardé la Terre d’un œil bienveillant. Enfin nous rendons grâces au Grand Esprit en qui s’incarne toute bonté et qui mène toutes choses pour le bien de ses enfants »

Paroles indiennes, Albin Michel, 1993

Manifestement les natifs américains avaient un discours clair et combien éclairant ; ce qui nous interpelle étant l’imbrication religieuse profonde positionnant dans leurs propos l’écologie comme la clé de voute de toute une religiosité

 

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Y-aurait-il une religion écologique ou écologiste ?

Toutes les religions ont en effet déjà  délivré un message cohérent sur la nature. Pour les trois grands monothéismes, elle est l’œuvre du créateur, confiée aux hommes pour qu’ils la gèrent avec délicatesse et tendresse, comme fait un bon jardinier de son jardin. Mais la nature sait aussi se montrer redoutable : d’où, dans la bible, des phrases sévères invitant l’homme à la dominer et à la soumettre. De là est née l’idée d’une parfaite incompatibilité entre les Ecritures et l’écologie. « Le croissez et multipliez » biblique peut-il, de plus, être compatible avec une gestion raisonnée des ressources épuisables à moyen terme ?

Les paroles indiennes, lues ci-avant, nous démontrent de surcroit que comme nous regardons le monde, il le devient ; que leur paradigme n’est pas celui des occidentaux et qu’ils ne pouvaient in fine se comprendre mutuellement

Paradigme ; le mot est lancé ; un mot dans l’air du temps : paradeigma, en grec, signifie modèle dont on s’inspire  pour réaliser une œuvre, plan directeur d’architecte ou prototype idéal servant de guide à une déité constructrice, pour produire le monde sensible des formes. En fait, on l’utilise aujourd’hui volontiers (et sans précautions) pour signifier une représentation de l’univers et de l’homme permettant de rendre compte de tous les phénomènes observables et de conduire les individus et la société sur la voie d’un épanouissement harmonieux.

Devons nous changer de lentilles et nous forger un nouveau paradigme au sein duquel écologie et religiosité seraient tricotés ensemble ?

Avec son bouillonnement d’idées, ses radicales remises en question, notre monde ressemble à un alambic d’alchimiste où travaille une masse d’images et d’énergies, traversée de violents courants qui ne laissent rien en place. On peut raisonnablement penser que c’est une refonte complète de l’ancien paradigme de l’Occident judéo-chrétien qui se prépare. Mort inévitable d’un cadre de pensée trop étroit et qui a fait son temps. La science triomphante nous avait éloignés du divin, en tenant en respect ses diacres incapables de dialoguer avec elle, et, coupés eux-mêmes de l’ésotérisme vivant de leur religion. Toutefois en explorant cette matière qui était son unique objet, la science, en touchant le fond de l’inaccessible dimension particulaire, voit le piège se refermer sur elle qui ne peut plus reculer : cachée partout dans le plus petit atome, la conscience est là, qui participe activement à l’ordre cosmique. Il lui faut revoir ses modèles pour faire place à cette empêcheuse d’expérimenter en rond

Relier, reliare, religion : ce qui nous reliait à plus grand que nous s’éloigne, ou plutôt s’est réfugié et se cache au fin fond des consciences. Le progrès, c’est celui des sciences et des techniques, voire le progrès économique et social, mais certes plus celui de la vie intérieure, là où se joue pourtant la grande aventure de l’humain, de l’éveil des consciences. Pourtant le mot « méditer »  (aller vers le centre) hérité de l’orient fait fureur. Mais à quoi sert de méditer par ces temps où l’on prie si peu ?

Force est de constater que chacun se confectionne sa propre vision du monde et répond individuellement à ce besoin de spiritualité et de conscience générée en réaction à  une technicité exacerbée. Chacun effrayé par la rigueur, la discipline et l’ascèse sacerdotale se fera sa propre petite sauce, son autel particulier sans passer par la case disciple bien trop proche de celle de la discipline. L’attitude de consommateur passif  développée entre autre par le tube cathodique imprègne de plus en plus les mentalités de ceux qui s’intéressent à la recherche spirituelle. Etre sur le chemin c’est se situer en élève. Or beaucoup se situent aujourd’hui non en élève mais en patient voulant se sentir mieux voire même en client.

De plus en plus de personnes en quête de repères,  concernées par la défense de la nature, la recherche de bien être, un passage de l’avoir à l’être ; sont tentés par des visions spirituelles syncrétiques et amalgamantes qui sont autant de cocktails spirituels qu’ils se font ponctuellement afin de  se soulager de leurs symptômes

Certes il est de coutume de dire qu’il n’est pas nécessaire de prendre beaucoup de médicaments mais ceux dont vous avez besoin. De même que nombreux sont dans notre monde hypocondriaque les adeptes de l’auto médication qui se bourrent de pilules. Semblables en cela aux nouvelles spiritualités qui vivent dans l’illusion qu’elles iront plus vite en mélangeant les approches de manière personnelle. La frustration est bien souvent à l’arrivée de ces démarches autodidactes générées par des comportements désordonnées, une recherche incohérente. Rechercher le sensible pour le sensible, l’expérience pour l’expérience, fut-elle mystique est de notre point de vue une impasse. La spiritualité vécue l’est toujours au quotidien, dans toutes les circonstances de l’existence, indépendamment des états que l’on peut éprouver qui relèvent de l’instabilité et l’impermanence. On a tant avec les religions du Livre insisté sur les dogmes, la morale que s’est fait jour une soif d’intériorité, une envie nostalgique de mystique. Il est sain de chercher la réalisation plutôt que la croyance, le vécu intérieur plutôt que l’observance extérieure. Mais l’erreur est de réduire la vie spirituelle aux expériences et d’autre part prétendre accéder facilement à l’essentiel en puisant à droite et à gauche, sans discernement, au gré des circonstances, des attirances, des portes qui s’ouvrent ou se ferment. Prenons pour illustrer cela la métaphore d’Ugolin  qui cherche de l’eau pour arroser ses œillets ; s’il n’a pas son papé initié qui lui dira où creuser,  il va forer à l’aveuglette. De même, s’il n’a pas l’abnégation, le courage et la foi en les indications de son papé, il va renoncer à 12 mètres de profondeur pour aller creuser ailleurs alors que la veine d’eau se trouvait à 13 mètres

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Voilà, finalement je pose le clavier, me relis et m’aperçoit que je me suis laissé emporté par mon élan quoique cet élan soit corrélé aux ripailles de la purification germinatrice d’Imbolc.

En conclusion je vous offre deux textes différents et pourtant, pour vous qui m’avez courageusement suivi jusque là évidemment, complémentaires …vous voilà arrivé aux 13 mètres trempez vos lèvres aux mots qui suivent, savourez et réchauffez vous à eux ;

« nous ne cessons pas de perdre la mémoire des actes étranges auxquels s’adonnaient les prêtres dans des réduits sombres et secrets où, ils habillaient la statue d’un dieu, l’ornaient, faisaient sa toilette, la levaient ou la sortaient, lui préparaient un repas et lui parlaient indéfiniment, et cela chaque jours et toutes les nuits, à l’aurore, au crépuscule, quand le soleil et l’ombre venaient à leur acmé. Craignaient-ils qu’un seul arrêt de cet entretien continu, infini, ouvrit des conséquences formidables ?  Amnésiques nous croyons qu’ils adoraient le dieu ou la déesse, sculptés de pierre ou de bois ; non : ils donnaient à la chose elle même, marbre ou bronze, la parole, en lui conférant l’apparence d’un corps humain doué de voix. Ils célébraient donc leur pacte avec le monde. Nous oublions de même pour quelles raisons les moines bénédictins se lèvent avant le jour pour chanter matines et laudes ; non loin de nous, trappistes, carmélites encore égrènent sans trêve l’office divin. Ils ne suivent pas le temps, mais le soutiennent. Leurs épaules et leurs voix, de versets en oraisons, portent les minutes le long de la fragile durée, qui sans eux, se casserait. Pénélope, jour et nuit, ne quittait le métier de tapisserie. Ainsi la religion repasse, file, noue, assemble, recueille, lie, relie, relève, lit ou chante les éléments du temps. Le terme religion dit exactement ce parcours, cette revue ou ce prolongement dont l’inverse a pour nom négligence, celle qui ne cesse de perdre le souvenir de ces conditions et paroles étranges. Les doctes disent que le mot religion pourrait avoir deux sources ou origines. D’après la première, il signifierait, par un verbe latin : relier. Nous relie-t-elle entre nous, assure-t-elle le lien de ce monde à un autre ? D’après la deuxième, plus probable, non certaine, mais voisine de la précédente, il voudrait dire assembler, recueillir, relever, parcourir ou relire. Mais ils ne disent jamais quel mot sublime la langue place en face du religieux, pour le nier : la négligence. Qui n’a point de religion ne doit pas se dire athée ou mécréant mais négligent. Dans les temples d’Egypte, de Grèce ou de Palestine, les ancêtres, dis-je, soutenaient le temps comme anxieux de lacunes possibles. Ils reliaient, assemblaient, recueillaient, relevaient, ne cessaient jamais comme les moines tout au long de la journée. La modernité néglige, absolument parlant. Elle ne sait ni ne peut, ni ne veut penser, ni agir vers le global, temporel ou spatial. Par les contrats exclusivement sociaux, nous avons laissé le lien qui nous rattache au monde, celui qui relie le temps qui passe et coule au temps qu’il fait. De quelles diligentes épaules soutenir désormais ce ciel immense et fissuré dont nous craignons, pour la deuxième fois d’une longue histoire qu’il ne nous tombe sur la tète ? »

Michel SERRES « le contrat naturel » 1990.

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« On ne peut évoluer qu’en se transmutant constamment mais, pour ce faire, il faut avoir acquis un certain pouvoir sur soi car toute transformation est douloureuse. Elle doit passer obligatoirement par une descente dans ses enfers et une domination ou une « destruction » de ses démons intérieurs qui se nourrissent, entre autres, de la substance émotionnelle non contrôlée de l’homme et de ses pensées négatives créatrices d’entités. L’évolution se passe de dogmes car chaque être a sa gamme musicale particulière, issue de la gamme divine, dont il faudra tenir compte pour lui faire jouer la mélodie de son âme. Mais il ne peut devenir musicien, donc harmonieux, que s’il se laisse pénétrer par les puissances de la Nature qui l’exalteront et le magnifieront. Celui qui veut être musicien de son âme doit d’abord apprendre à voir, à aimer et à sortir d’un système de pensées artificielles, c'est-à-dire non vécues de l’intérieur. Le nomadisme de l’âme est la pire des choses, car l’homme doit savoir vivre au centre de lui-même s’il veut rayonner sur ses terres intérieures et sur celles des autres ; mais il doit le faire pour l’évolution cosmique et non pour lui-même…L’homme ne voit plus rien dans la Nature, pas même son reflet ; il ne la respecte plus ; il lui prend tout sans rien lui donner en retour, et nous assistons à un incroyable gaspillage du potentiel écologique. Il se la rend lointaine et hostile, car de médiateur il est devenu pillard éhonté, d’enchanteur il s’est transformé en destructeur »

Mario MERCIER, « La nature et le sacré » , Dangles, 1983

 

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22/04/2016
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Préceptes druidque de vie

 préceptes druidiques de vie :

1. Se connaître est bien, se maîtriser est mieux.
2. C’est par l’exercice que tu acquerras la puissance de la volonté, par l’exercice que tu la garderas.
3. Ne laisse pas la crainte ni le doute te paralyser, ils limitent et détruisent tout.
4. Ce qu’il convient de faire, décide-le ; ce que tu as décidé, entreprends-le ; ce que tu as entrepris, achève-le.
5. Si rude et si obscure que soit la tâche quotidienne, accomplis-la dans la joie.
6. Ne ralentis pas ton ascension par un lest inutile, composé d’orgueil et de suffisance.
7. Sache vaincre toute fatigue de ton corps, tout faux pas de ton esprit, toute défaillance de ton âme.
8. Si tu ne peux modifier les hommes et les évènements à l’image de tes désirs, que du moins ce ne soit pas eux qui te modifient.
9. Mets ton point d’honneur à n’avoir de serviteur que toi-même.
10. N’érige pas autrui en juge de tes actions.
11. En quelque circonstance que tu te trouves, demeure comme une île au milieu des vagues, comme une montagne au milieu des nuages.
12. Garde ton sang-froid dans tout danger.
13. Ne te force jamais : prends patience, garde la joie et le sourire, vise à l’harmonie.
14. Apprends de l’étranger ce qui peut t’être utile, mais ne cherche pas à l’imiter.
15. Utilise analogies et symboles, ils te permettront de penser et de comprendre là où finit ta raison, où il te manque les mots pour exprimer ta pensée.
16. Apprends que toute pensée est stérile, si elle n’est pas rendue vivante par l’émotion ou le sentiment, elle est alors semblable à une coque vide.
17. Pense en image, précise tes pensées, résume le tout par un symbole qui deviendra pentacle.
18. Grâce à ces Conseils tu garderas la loi, et tu t’élèveras au dessus de toi-même.

Ces préceptes sont extraits des "Kelennadurezh du Druide Vissurix 3778 / 3821".

 

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03/10/2015
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Préceptes de vie (Cuchulainn)

Les préceptes de Cúchulainn

Ne cherche pas de querelle violente et vulgairement basse,
ne sois pas fier, rude et hautain,
ne sois pas peureux, violent, impulsif, téméraire,
ne sois pas abaissé par la richesse qui ruine et enivre,
ne sois pas la puce qui perd la bière dans la maison du roi,
ne sois pas l'homme des longs séjours sur la frontière de l'étranger,
ne recherche pas des hommes sans réputation et sans puissance,
ne laisse pas forclore(1) le délai en dehors d'une base légale,
conseille d'avoir recours à la mémoire pour savoir quel est l'héritier de la terre,
fais interroger les anciens historiens justement et valablement en ta présence,
qu'il se trouve des juges pour les familles et le pays,
qu'on allonge les généalogies quand naissent des enfants,
que l'on appelle les vivants et que, par leurs serments, on rende la vie aux endroits où ont vécu les défunts,
que les héritiers augmentent leur bien suivant le droit naturel,
place les étrangers suivant l'importance de leur rang.

Ne discute pas en bavardant,
ne parle pas bruyamment,
ne fais pas le bouffon,
n'use pas de moquerie,
ne […. ?....] les vieillards,
ne soit mal disposé envers personne,
ne demande rien de difficile,
ne renvoie personne sans lui accorder une requête [?],
accorde avec grâce, refuse avec grâce, promets avec grâce,
sois humble devant les enseignements des sages,
souviens-toi des règles faites par les vieillards,
observe les lois ancestrales,
n'aie pas le cœur froid envers tes amis,
sois énergique contre tes ennemis,
n'aie pas une figure de querelle dans les assemblées,
ne sois pas bavard et injurieux,
n'opprime pas,
ne garde rien qui ne te soit un profits,
couvre de ta réprobation ceux qui commettent des injustices,
ne condamne pas la vérité à cause des désirs des hommes,
ne romps pas les contrats pour ne pas être repentant,
ne sois pas querelleur pour ne pas être haineux,
ne soit pas paresseux pour ne pas être faible,
ne soit pas trop pressé pour ne pas être vulgaire,
applique-toi à suivre ces préceptes, ô mon fils(2)


(1) Exclure, dans le sens de priver du bénéfice d'une faculté ou d'un droit non exercé dans les délais fixés. Pour le dire autrement, être déchu de ses droits
(2) Traduction Christian J. Guyonvarc'h « La maladie de Cúchulainn", Ogam, 10, 1958, p. 294-295, § 25-26

 

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03/10/2015
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Lug et le lien : Adaptation de passages de Dialogues Histoire Ancienne 31/1, 2005, 51-78 Textes de Daniel Gricourt et Dominique Hollard

Lug et le lien :    Adaptation de passages de Dialogues Histoire Ancienne 31/1, 2005, 51-78 Textes de Daniel Gricourt et Dominique Hollard

Lugh enchaîné

 Lors de la grande bataille eschatologique de Mag Tured, opposant l'ensemble des dieux d'Irlande (Tùatha Dé Dannan) aux démoniaques Fomoire, Lugh, qui remplit alors la fonction de stratège, prépare le combat et définit la fonction de chacun dans cet immense affrontement. Pourtant, il ne participe pas au début de l'engagement pour des raisons qui sont explicitées d'une manière et selon une orientation différente en fonction des sources.
La première version du texte de la Seconde Bataille de Mag Tured énonce sobrement cet état de choses et les raisons qui y ont conduit:

 "Paragraphe 95. Les hommes d'Irlande furent d'avis de ne pas permettre à Lug d'aller au combat à cause de sa beauté. Ses neufs tuteurs furent donc laissés pour le protéger, à savoir Tollus-Dam et Ech-Dam et Eru, Techtaid le Blanc, Fosadh et Fedlimid, Ibar, Scibar et Minn. Ils craignaient la mort prématurée du héros à cause de ses nombreux arts. Pour cette raison, ils ne le laissèrent pas aller à la bataille".

 Ici donc, c'est le souci d'épargner le "surdoué" du panthéon celtique, maître dans tous les arts, y compris celui de la guerre, qui guide les dieux d'Irlande. Toutefois, pour l'autre raison de la Bataille de Mag Tured, l'absence de Lugh, qui fait l'objet d'un développement narratif important, obéit à des motifs beaucoup moins nobles. C'est Nuada, roi des Tùatha Dé Dannan, jaloux du rôle dévolu à Lugh dans la consulte des opérations, qui insinue le doute dans l'esprit des guerriers divins:

 Paragraphe 15: Nuadha au Bras d'Argent s'adresse aux nobles choisis et forts des Tùatha Dé Dannan en l'absence du lion brillant aux coups violents, Lugaidh au Long Bras..., et voici ce qu'il leur dit: "Je ne suis pas ici pour abattre votre courage, ni pour empêcher votre combat ou votre mobilisation, mais pour vous demander si, dans cette épreuve de force et d'héroïsme, vous ne comptez que sur Lugh pour la bataille, le combat, le mouvement des actions de valeur et d'éclat, et sur lui pour toutes les actions meurtrières et pour les morts nobles et aristocratiques?"

Autrement dit, la supériorité de Lugh est telle, que s'il participe au combat, il réglera seul le sort de la bataille et en tirera toute la gloire!  Ébranlés, les Tùatha Dé Dannan demandent à Nuada ce qu'il convient de faire et celui-ci expose alors un plan qui sera accepté et promptement mis à exécution:

 Paragraphe 17 ... Je vais vous dire ce qu'il est convenable de faire", dit Nuadha, "j'ai un grand festin de bière à boire et délicieuse pour les champions des Tùatha Dé Dannan et pour Lugh. Ce festin sera fait pour lui si bien qu'il sera ivre et joyeux. Et quand le grand guerrier sera ivre et privé de sens, quand il aura son content de nourriture et de boisson, il sera lié et attaché solidement par vous à des chaînes pures, brillantes, au métal bleu, et à de beaux fils de bronze. Il sera fixé à de grands piliers et à des fortes colonnes plantées en terre de chaque côté autour de lui. Ainsi la bataille sera-t-elle livrée en son absence".

Paragraphe 18. "Ce conseil est convenable et honnête", dirent les chefs des Tùatha Dé Dannan, "et il sera suivi par nous". 

Paragraphe 19. "Ils en firent ainsi. On construisit la belle maison neuve pour le festin des nobles des Tùatha Dé Dannan autour de Lugh et de Nuadha. On servit à Lugh la bière brillante et guérisseuse, si bien que l'homme dont il a été prophétisé fut ivre et joyeux. Ils lui jouèrent ensuite de leurs harpes et de leurs cornemuses, et de leurs merveilleuses orgues étrangères, si bien que le guerrier royal s'endormit de l'abondance de musique qui l'entourait. On apporta ensuite à Craiftine sa harpe; il dévoila les neuf cordes et le sage joua jusqu'à ce que le guerrier fût reposé, calme et endormi. Alors les gens vinrent pour enchaîner le héros. Ils enchaînèrent et ils lièrent solidement le héros royal sans qu'il s'en aperçût".

Voici donc Lugh écarté de façon peu glorieuse d'une bataille qu'il est pourtant le plus à même de conduire, Nuada ayant au passage récupéré la place au commandement en chef qu'il convoitait. Le grand dieu endormi, laissé à la garde du harpiste Craiftine, ne tarde pourtant guère à s'éveiller lorsqu'il perçoit le tumulte des armées et interroge son gardien qui tente de l'égarer par des réponses dilatoires. Lugh comprend alors qu'il a été joué, entre en fureur, arrache les lourds piliers de pierre qui retiennent ses chaînes et, surgissant sur le champ de bataille dans un fracas qui paralyse de stupeur les troupes en présence, impose l'arrêt des combats et le retour aux campements des protagonistes.

C'est ainsi, par une ferme démonstration d'autorité, que Lugh reprend la situation en mains, admonestant Nuada coupable à ses yeux d'une faute disqualifiante pour un roi: avoir engagé la bataille sans s'être livré au préalable à l'indispensable observation des "signes" par des techniques divinatoires appropriées. L'exemple conduit à se demander s'il peut exister une affinité plus générale de Lugus avec des liens de toute nature qui constituerait un trait théologique majeur de son identité:

Lugus cordonnier Parmi les arts et techniques que domine le "Polytechnicien" Lugus, figure en bonne place la cordonnerie et -plus largement- le travail des peaux. Ce patronnage est d'abord établi épigraphiquement par la dédicace des cordonniers d'Osma, en Tarragonaise, aux Lugoves et par l'épithète de "Divin Cordonnier" dévolue à Lugus sur un bronze gallo-romain où le dieu porte bottes, braies, cuirasse et liens en peaux.

Lugus, lyricine et poète
A côté des lacets, fils et cordons en tous genre, une autre catégorie de liens, celle des cordes en boyau tendues sur le cadre de la cithare et de la lyre appartiennent eu domaine de Lugus. Harpiste émérite en Irlande - sa maîtrise de l'instrument fait partie des épreuves qu'il franchit pour entrer à l'assemblée des dieux-, il se déguise sous les traits d'un barde au Pays-de-Galles. Sources du "tissage" musical et soutiens obligés des vers liés qui composent la poésie lyrique dont Lugus est le maître, les instruments à cordes, comme les diverses sortes de paroles vibrant à travers l'espace, relèvent du lien sonore placé sous l'autorité du grand dieu.

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Lugus, les contrats et les serments
  Maître des assemblées, lieu majeur où la communauté des hommes exprime et resserre ses liens sociaux, Lugus veille au respect et à l'accomplissement des contrats. En Irlande Lugnasad ou "assemblée de Lugh", une fête royale donnée en l'honneur de la divinité, est l'occasion de mariages et de préliminaires matrimoniaux, mode essentiel par lequel familles et groupes tissent des liens garantis par la parole donnée.

Lugus et les noeuds des confins
  Les nouages de branches vives se succèdent le long des voies de communications à l'intervalle signifiant de sept lieues gauloises, un nombre très prisé de la mythologie celtique et plus précisément dévolu à Lugus.
Pour les voyageurs ayant couché au point de départ, comme pour ceux qui se rendaient à un sanctuaire où ils passaient la nuit..., le rite des branches nouées accompagnait le passage du soleil au méridien. Son symbolisme paraît ainsi lié à la course solaire. C'est en pleine lumière que l'on invoquait le dieu des contrats. Identifier ce dieu solaire, dépositaire des contrats et lié au nombre sept, ne peut nous conduire que dans une seule direction, celle de Lugus.

Lugus sorcier
  Maître de la parole sous toutes ses formes, Lugus pratique les incantations magiques qui paralysent et nouent ses adversaires. La posture de profération adoptée par le dieu, qui est celle des sorciers et sorcières celtes, le conduit à se priver d'un œil. Par ailleurs, le fait que Lugh exécute en une danse en rond sur un pied un cercle complet autour de chacune des armées est un mode de délimitation de l'espace qui clôt de manière hermétique afin d'exercer son emprise magique sur le cours des évènements.

 

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Cette pratique magique donne lieu à des nœuds et des liens. La nature dualiste de Lugus/Lugh en fait un maître du liage, ses actions en ce domaine peuvent aller jusqu'à joindre les deux perspectives en même temps en une réunion des contraires. En effet, dans le combat contre les Fomoire l'usage du cercle magique par le dieu se révèle à la fois nuisible pour ses ennemis (enfermement, isolement) et favorable aux siens (rassemblement, protection)


16/07/2015
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Une tombe princière celtique du Ve siècle avant notre ère a été découverte dans une zone artisanale et commerciale à Lavau, près de la ville de Troyes (Aube).

C’est une trouvaille «exceptionnelle» a expliqué l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP). L’Institut fouille ce site depuis le mois d'octobre à la demande de l’Etat.

Le monument est plus grand que la cathédrale de la ville de Troyes, selon  l'Institut national de recherches archéologiques préventives.

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 à quoi ressemble la tombe : «Au centre d’un tumulus de 40 mètres de diamètre, le défunt et son char reposent au cœur d’une vaste chambre funéraire de 14 m²». Selon son président Dominique Garcia : «Il s’agissait probablement d’un prince celte local».

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La tombe contient des dépôts funéraires «d’une richesse digne des plus hautes élites de la fin du premier âge du Fer» selon l’INRAP. La pièce maîtresse est un grand chaudron d’un mètre de diamètre en bronze composé de quatre anses circulaires ornées de têtes d’Acheloos, le dieu-fleuve grec. Le bord du chaudron est également décoré de huit têtes de lionnes. À l’intérieur, une œnochoé (cruche à vin) en céramique attique à figures noires a été découverte. Un dessin de Dionysos allongé sous une vigne face à un personnage féminin y est représenté. Ce service à boisson d’origine gréco-italique reflète selon l’Inrap les pratiques de banquet des élites aristocratiques celtiques. L’œuvre serait étrusque ou grecque et servait à mettre du vin coupé d’eau. Ce mobilier «atteste des échanges qui existaient entre la Méditerranée et les Celtes», souligne Dominique Garcia

Un grand chaudron à vin, un riche pichet, une passoire, des récipients pour recevoir le précieux breuvage. Tout semble prêt pour un banquet. Mais au fond d'une tombe, celle d'un prince celte du Ve siècle avant notre ère, découverte en Champagne.
Il s'agit d'une trouvaille "exceptionnelle", a estimé mercredi l'Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) qui fouille ce site depuis octobre à la demande de l'Etat.
La tombe, qui date de la fin du Premier âge du Fer (période du Hallstatt), est située dans la zone artisanale et commerciale de la petite commune de Lavau, à quelques kilomètres de Troyes.
Elle fait partie d'une vaste nécropole comprenant des tombes de l'âge du Bronze, de l'âge du Fer et même de la période gallo-romaine.
Au centre d'un tumulus (monticule au-dessus d'une sépulture) de 40 mètres de diamètre, le défunt - dont les restes n'ont pas encore été dégagés - repose avec son char au coeur d'une chambre funéraire de 14 mètres carrés.

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"Il s'agissait probablement d'un "prince" celte local", souligne Dominique Garcia, président de l'Inrap. Les archéologues ont retrouvé dans la tombe un grand couteau dans son fourreau, laissant penser qu'il s'agit d'un homme.
La fouille se poursuit - on voit déjà affleurer des parties du squelette -, ce qui devrait permettre d'en savoir plus sur ce personnage.
Dans une autre tombe proche, se trouve le squelette d'une femme. "On sait que cette sépulture a été construite avant celle du Prince. Mais il est tout à fait possible qu'il y ait des liens de parenté entre ces deux personnages", estime Bastien Dubuis, responsable du chantier. Le plus spectaculaire pour le moment réside dans le raffinement des objets d'origine grecque et pour certains sans doute étrusque disposés dans la tombe et liés au service du vin.

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-'Cadeaux diplomatiques'

La pièce maîtresse est un grand chaudron en bronze, dans lequel on mettait du vin coupé d'eau. Ses quatre anses sont ornées de têtes d'Acheloos, dieu-fleuve grec, reconnaissable à ses cornes, sa barbe, sa moustache et ses oreilles de taureau. Le bord du chaudron est décoré de têtes de félins et pourrait avoir été réalisé par des artisans étrusques, indique l'archéologue Emilie Millet.

La fin du VIe siècle et le début du Ve siècle av. J.-C. ont été marqués par le développement économique des cités-Etats étrusques et grecques d'Occident, Marseille notamment. A la recherche d'esclaves, de métaux et de biens précieux (étain, ambre...), les commerçants méditerranéens sont entrés en contact avec les communautés celtiques continentales.
Celles maîtrisant les voies naturelles de communication, le long des fleuves (Seine, Rhône, Saône, Rhin, Danube) ont profité de ces échanges et leurs élites ont obtenu de nombreux biens de prestige. "Des sortes de cadeaux diplomatiques", selon M. Garcia.
Des objets remarquables ont ainsi été retrouvés dans des tombes monumentales, comme à Hochdorf (Allemagne) et à Vix (Bourgogne) notamment. Lavau vient s'ajouter à la liste.

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En quoi cette découverte est-elle «exceptionnelle»?

Pour deux raisons. La première, c’est l’état de conservation des objets retrouvés. Ils ne sont pas cassés comme cela arrive souvent lors de fouilles. Mais surtout, c’est l’origine des objets qui étonne. Car ils viennent de Méditerranée. Il s’agit principalement d’objets grecs, voire étrusque pour l’un d’entre eux.

 

 

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Comment l’expliquez-vous?

On pense qu’il s’agit de cadeaux diplomatiques faits par les Grecs à ce prince celte pour leur permettre de partir explorer l’Europe du Nord. A cette époque, les Grecs voulaient effectivement découvrir d’autres régions. Et pour cela, il fallait commercer, échanger avec les barbares locaux. On remarque ainsi que les objets sont richement ornés. On y trouve notamment de l’or. On pense qu’ils ont été spécialement conçus par les Grecs pour plaire aux Celtes. D’autant que la plupart des objets servaient à consommer du vin. Or, à l’époque, il n’y avait pas de vigne en Champagne! Les Grecs ont donc apporté du vin, les objets pour le consommer et tout le cérémonial qui va avec. Il y a un chaudron, un pichet et même une petite passoire.

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A l’époque, les Celtes ne buvaient pas de vin?

Non, ils consommaient de la bière et de l’hydromel. Autant dire qu’ils ont dû découvrir l’alcool un peu plus fort avec ce vin. Les Celtes avaient une culture pastorale. Ils vivaient tranquillement de la culture de leurs terres.

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Justement, c’était quoi la vie d’un Celte à cette époque?

Une vie simple. Ils habitaient dans des oppidums, des petites agglomérations fortifiées. Ils vivaient comme des petits seigneurs locaux sans pour autant mener la guerre à leurs voisins.

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce prince était donc quelqu’un d’important?

Oui, il était une personnalité importante pour les Grecs à l’époque pour recevoir des cadeaux diplomatiques. Je ne devrais pas dire ça mais on lui a offert ces objets comme on offre aujourd’hui des Rafale à d’autres pays. Il a dû servir d’allié aux Grecs. Son statut est aussi confirmé par la taille de la sépulture. La tombe mesure 40 mètres de diamètre. Elle est entourée par un large fossé. Et il est enterré avec son char. Tout le monde n’avait pas le droit à cela!

 

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05/03/2015
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