Plaidoyer pour un néo druidisme acteur de demain
Plus que la résurgence d’une culture celtique ou la vaine réhabilitation d’une religion druidique qui aurait (miraculeusement) survécue à la destruction durant deux millénaires ;il faut de mon point de vue concevoir le néo druidisme naissant comme une réponse (parmi d’autres) à un besoin de spiritualité diffus et insatisfait dans notre société occidentale. Mais aussi et surtout l’appréhender comme un creuset capable de mêler culture celte avec spiritualité et restauration de la Nature.
Porter ou plutôt tâcher d’incarner (modestement) un idéal druidique aujourd’hui, c’est oeuvrer à concilier l’amour de la Terre mère nourricière et le respect de son prochain dans le cadre des traditions celtiques qui nous restent.
Le rapport moderne ( encore malheureusement en vigueur)de l’Homme occidental à la Nature est parti sur des bases de confrontation, d’opposition avec comme hypothèse de départ la nécessité du passage irréversible de l’animal à l’homme et de l’état de nature à l’état de société. . L’arme de la civilisation triomphante, où l’homme s’opposerait victorieusement à la nature, fût la « domestication ».
Domestication qui implique le contrôle de tout ce qui est naturel en nous (les instincts) et autour de nous ( la nature à conquérir).On le devine, cet idéal de maîtrise et de contrôle renvoie explicitement à un paradigme qui s’est imposé grâce aux deux piliers que furent la religion judéo-chrétienne et la science rationnelle.
La « société contre-nature », en dépit de ses interdits pesants, triomphe ainsi historiquement depuis des siècles dans la mesure où elle prétend libérer l’homme d’une nature supposée aliénante et cruelle. La science occidentale constitue l’une des manifestations de la modernité. Elle poursuit logiquement son projet d’intelligibilité et de maîtrise du monde.
A cette fin, le face à face nature/culture y est posé comme un postulat sans qu’on s’inquiète outre mesure de son caractère arbitraire. Le scientifique surplombe souverainement la nature comme l’homme s’imagine s’en être détaché. Par là l’homme impose son schème culturel à la nature dont il expurge les mouvements organiques pour en restituer une formulation quasi mathématique.
On voit bien que ce paradigme a atteint ses limites. Force est aujourd’hui de constater la faillite de notre fonctionnement actuel car ce que l’homme fait à la toile de la vie ; il le fait à lui-même.
« En dégradant la nature, nous nous sommes dégradés nous-mêmes ; l’homme ne peut s’extraire de la nature, comme s’il n’en faisait pas lui-même partie[1] »
En effet, la nature que l’on croyait avoir reléguée au ban de la société surgit cependant parfois de façon inopinée. Les marques de l’animalité réapparaissent sous le trait des instincts. Impulsions sexuelles ou agressives doivent ainsi être notamment canalisées, d’où la construction d’un système normatif pesant (ascèse, contrainte, parenté…) en vue d’assurer la stabilité de la société.
Nature et culture sont en interaction permanente, il est donc vain de vouloir arrêter l’histoire à un moment donné ; il serait à contrario plutôt conseillé d’en poursuivre le cours en tenant compte de ces interactions.
Nous (l’espèce humaine) venons de comprendre que notre sort est irrémédiablement lié à celui de notre planète et que notre expansion, fruit de notre triomphe technologique, porte les germes de notre destruction programmée. Dans le même temps l’homme découvre que sa propre activité n’est pas sans influence sur la planète, donc sur son salut. Il se croyait un nain rayonnant au milieu d’une nature immense contre laquelle il luttait pour survivre. Il se découvre responsable d’une planète finie, aux ressources finies, dont il menace la survie. Une révision philosophique déchirante s’impose à lui ; la vision issue des Lumières postulant la prééminence de l’homme sur la nature est morte. N’en déplaise à DESCARTES, l’homme ne peut espérer survivre à sa conquête que s’il renonce à son attitude de conquérant.
Il ne s’agit pas de considérer l’homme comme étranger à la nature, un intrus à évacuer, élément nuisible par essence. L’homme malgré tout le respect qu’il puisse désormais lui porter, ne pourra laisser la nature dans l’état où il l’a trouvé. Nous devons dorénavant. Considérer que l’homme est un produit de la nature. Comme tous les êtres vivants, il doit s’adapter et assurer la survie de l’espèce. C’est parce qu’il est dans la nature, qu’il est conduit à la respecter.
La Terre ne sera jamais plus comme elle était avant le développement de l’espèce humaine : c’est ainsi. Mais nous devons au plus vite chercher à nous intégrer encore mieux à notre planète, et, pour prendre un terme écologique, co-évoluer avec elle. Il ne s’agit plus là de parasitisme mais d’une véritable symbiose.
Nous devons raisonner à l’échelle de notre planète et mesurer l’impact de nos actions humaines à l’aune du contexte fini et ultime de la globalisation planétaire.
L’espèce humaine doit maintenant assumer ses responsabilités et comprendre qu’après l’ère de l’exploitation s’ouvre celle de la gestion et de la protection, après le temps de la rupture vient le temps de la symbiose avec notre environnement Après le temps de l’antagonisme doit fleurir celui de l’harmonie.
Dans ce contexte, la vision druidique du monde a un rôle majeur à jouer en qualité de lien entre la quête de spiritualité, de symbolisme émergents à l’orée de ce XXIème siècle et la mise en place d’un néo paradigme systémico écologiste indispensable pour affronter les défis de notre survie à moyen terme.
Ré-enchanter la nature, honorer de nouveau nos Dieux et Déesses, réensemencer nos clairières, restaurer les valeurs celtes permettront sans nul doute aux druidisants de demain d’apporter une pierre essentielle à la mutation du monde en cours.
Il est vain d’entretenir une stérile nostalgie en se demandant ce que serait le monde et notre rapport à notre planète si la religion druidique n’avait pas été détruite par l’église chrétienne romaine. Contentons nous d’accepter le fait que cela est. Intégrons le fait que si Dieux et Déesses nous ont abandonnés cela a un sens. La roue du destin et de la vie tourne et l’eau ne passe pas deux fois au même endroit. Quelqu’un dont je n’ai malheureusement pas le nom a écrit à ce propos que « l’on peut légitimement ne pas aimer son époque mais il est très dangereux de ne pas la comprendre ».
Réjouissons nous de l’impact que nous pouvons dès aujourd’hui avoir sur le monde en marche; du constat que les temps présent et à venir comptent sur ce que le druidisme peut leur apporter. Restons debout et vrais à la face du monde de demain. Faisons de la renaissance druidique l’acteur privilégié de la construction d’une éthique planétaire respectant la vie, l’homme dans sa globalité. L’avenir doit se construire et non se subir.
BRESTOS
" Mieux vaut allumer une bougie que maudire les ténèbres" LAO TSEU
Quelques repères chronologiques à méditer :
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L’univers visible date de 12 à 15 milliards d’années
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La terre date de 4,5 milliards d’années
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L’homme date de 4,5 millions d’années au plus
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Depuis les années 50, l’atmosphère terrestre s’est élevée d’un degré. On attend 4° d’ici le milieu du 21ème siècle
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