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Peut-on se dire Druide aujourd’hui ?

Cet article est paru dans le numéro 53 de la revue Message du Groupe Druidique des Gaules

Peut-on se dire Druide aujourd’hui ?  Belenertos

 

Le nom des Druidisants modernes soulève plusieurs problèmes comme celui de la nature d’un Druide antique, de l’existence d’une filiation historiquement valide entre Druuidiacto/Druuidia (1) antique et contemporaine. La possibilité pour une hiérarchie sacerdotale druidique d’exister en dehors d’une société celtique est une troisième interrogation tout aussi problématique.

 

Qu’est ce qu’un Druide antique ?

Cette question revient plutôt à s’interroger sur que nous savons, aujourd’hui, des Druides de l’antiquité... En effet, notre ignorance de ce qu’était autrefois la classe sacerdotale des Celtes (et la société celtique) transforme beaucoup de choses jadis évidentes en énigmes insolubles.

Pourquoi ? Parce que les Druides antiques ne confiaient pas à l’écrit leurs concepts philosophiques ou religieux. De ce fait,  l’équivalent de la littérature philosophique grecque ou du Livre des morts égyptien n’existe pas. De plus, après l’interdiction des Druides par Auguste, Tibère, Claude, la christianisation s’efforça de faire disparaître tout ce qui pouvait rester de la Tradition druidique. Ainsi, St Patrick s’est violemment opposé aux Druides et à leurs pratiques :

- ''une grande foule de Druides s’était rassemblée autour du premier Druide du nom de Recrad qui voulut tuer Saint Patrick''.

- ''Saint Patrick se battit contre les Druides au coeur dur. Il écrasa les orgueilleux avec l’aide que lui donna le ciel blanc et il purifia l’Irlande aux vertes plaines ...Son jugement nous a libérés de la condamnation et de la méchanceté des sombres démons''. (textes médiévaux chrétiens du haut Moyen Age irlandais, traduit par C. J. Guyonvarc’h et cités dans son livre Les Druides).

Son nom ''DRU-VID'' signifie ''très sage, très voyant'', la sagesse étant intimement liée à la divination, le don de double vue. Il y aussi un jeu de mot possible avec ''dru'' (le chêne) car la divination utilisait souvent des baguettes en bois de chêne, et le Druide était parfois comparé au Sanglier se nourrissant des glands sous le chêne.

Pendant longtemps on a voulu dissocier le prêtre du philosophe. C’est oublier l’importance sociale des sacrifices et de la divination dans la société antique. Si le Druide parle avant le roi et doit être consulté lors de toute décision impliquant l’avenir de la Teuta, c’est parce qu’il  est l’interprète de la volonté des Dieux. Sa ''sagesse'' n’a donc pas forcément l’aspect scientifique ou philosophique qu’on peut lui prêter aujourd’hui. Si le Druide était parfois aussi un astronome capable d’élaborer un calendrier comme celui de Coligny, c’était davantage l’astrologue qui était reconnu socialement. On peut aujourd’hui le regretter ou non, suivant sa sensibilité personnelle et son interprétation du divin, mais Cicéron ne s’est pas trompé en admirant les qualités de devin chez son ami Divitiacos. Car ce grand aristocrate éduen, chef de guerre, diplomate et Druide, était aussi un ''vulgaire'' astrologue qui s’était (de ce fait ?) acquis le respect de César et Cicéron !

Plusieurs auteurs antiques nous ont appris que le Druide n’était pas obligé de se battre, qu’il s’interposait parfois entre les armées et que sa pensée était comparable à celle du philosophe grec Pythagore. Faut-il, pour autant, voir le Druide comme un pacifiste refusant de porter les armes et de verser le sang comme les Pythagoriciens qui refusaient les sacrifices sanglants courants alors en Grèce ? Là encore les témoignages historiques sont impitoyables. Le Druide pouvait porter les armes et faire la guerre s’il le désirait (il n’était simplement pas obligé de le faire comme les autres membres de la tribu). C’est ce que montre Divitiacos venant en armes parler devant le Sénat romain, ou dirigeant l’armée éduenne au côté de César... De même, les traces archéologiques de sacrifices d’animaux montrent, sans aucune ambiguïté, que les Druides antiques n’étaient pas pythagoriciens sur ce point. Il devait probablement plutôt s’agir d’une correspondance sur la conception de la réincarnation et de l’Au-delà.

Quant aux Druides interrompant un conflit armé, ce n’est que le reflet de leur activité diplomatique qui pouvait aussi bien agir en sens contraire. Ainsi, lorsque Divitiacos vient à Rome en tant qu’ambassadeur de sa tribu, il cherche à persuader les Sénateurs d’intervenir en Gaule pour soutenir les Eduens et les Sequanes contre les menaces conjuguées des Helvetes d’Orgetorix et des Germains d’Arioviste.

Cette mise au point sur la situation antique ne préjuge pas bien sûr de l’évolution que la Druuidiacto aurait suivi, s’il n’y avait eu les persécutions romaines et chrétiennes. L’adaptation d’une spiritualité à une époque explique par exemple l’absence de rites sanglants dans les réunions druidiques modernes. Elle est dans la ligne générale de l’atténuation puis de la disparition des sacrifices humains, courants à la fin de l’âge du bronze.

Les rituels druidiques antiques sont très mal connus, nous n’avons que quelques indices provenant des fouilles archéologiques et de rares descriptions tronquées souvent malveillantes. César et les moines chrétiens irlandais avaient de nombreuses raisons de souligner la barbarie réelle ou supposée des Celtes. Notre connaissance de la mythologie est si lacunaire qu’il est difficile d’identifier une Divinité anonyme ou de comparer des archétypes mythologiques d’une région à une autre. L’Irlande, du fait des transcriptions médiévales, reste, et restera encore longtemps, la source principale de nos connaissances, en parallèle avec les témoignages de contemporains grecs ou latins et les fouilles archéologiques. Toutes ces approches permettent de dégager un certain nombre d’idées générales sur la Druuidiacto et la Druuidia, et surtout de vérifier ou non les hypothèses que l’on peut faire aujourd’hui.

Nous savons par exemple que la Druuidia n’était pas dualiste, qu’il n’y avait pas de Dieu créateur (comme dans la Genèse biblique) puisque la Nature est antérieure aux Dieux et aux hommes,  que le panthéisme druidique était selon les cas moniste ou polythéiste. La Druuidia a souvent été comparée par des auteurs grecs de l’antiquité au Pythagorisme, ce qui montre ses qualités intrinsèques lorsque l’on sait le mépris des Grecs pour tous les ''barbares''.

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 Existe-t-il une filiation historiquement valide entre la Druidecht antique et contemporain ?

Entre les derniers Druides irlandais du Xe siècle et leurs fils spirituels du XVIIIe siècle il y a un fossé apparemment infranchissable. Les connaissances matérielles des Druides contemporains (quel qu’en soit le nom) sont en retrait vis à vis du savoir scientifique contemporain et encore plus de celles, matérielles ou spirituelles, des Druides antiques. Ce qui est en contradiction avec l’hypothèse d’une filiation valide au cours du Moyen Age. Il faut tout de même relativiser ce problème en supposant que notre époque (fin de cycle de l’âge du fer) n’est pas favorable à l’expression de la spiritualité en général. Les différentes résurgences des paganismes antiques souffrant aujourd’hui d’une situation très défavorable, conjuguant l’emprise sociale matérialiste avec l’hostilité traditionnelle des monothéismes bibliques.

- L’existence d’un Collège druidique invisible et secret

C’est le thème du livre de P. Bouchet Le mystère de Perrières les chênes où un Collège druidique secret aurait subsisté dans une sorte de monde parallèle. Cette hypothèse séduisante ''explique'', en raison de son caractère ésotérique (c’est-à-dire caché) l’absence de traces historiques. Mais par contre elle n’explique pas les lacunes doctrinales des groupes contemporains. Nous ne pouvons parler avec certitude que dans le cas de notre Collège. Pour les autres, la réponse est plus difficile car à côté de l’enseignement exotérique (revues, conférences, etc.) il peut exister des connaissances ésotériques auxquelles nous n’avons pas eu accès. Enfin, l’hypothèse d’un Initié souhaitant conserver l’anonymat ne peut être écartée, même si elle sert parfois d’alibi commode.

 

- Une filiation par  un ordre religieux chrétien.

Elle est très en faveur parmi ceux qui veulent concilier leur monothéisme irréductible avec leur goût pour la culture celtique. Ici, le problème n’est pas la filiation entre le Moyen Age et le XXe siècle, elle est tout à fait plausible et même probablement vérifiable historiquement, à condition d’avoir accès aux archives privées de certains monastères. La question est de comprendre pourquoi des Druides antiques auraient transmis leurs secrets les plus sacrés à des gens qui les ont combattus comme St Patrick ou St Martin. Si la torture peut briser la volonté humaine, elle n’a en effet aucune prise sur un egregore ou une Divinité... La source primordiale de la Druuidia est un lien entre les Divinités celtiques et les Druides antiques. Relation basée sur l’harmonie des Druides avec le divin et l’acceptation de ce contact par les entités divines. Est-il raisonnable d’imaginer que des chrétiens acceptent d’invoquer des entités dont ils nient la nature divine et qu’ils qualifient de ''démons'' ou ''d’idoles'' ? Comment d’autre part  ces entités divines auraient-elles accepté un quelconque lien vis à vis d’une religion de pouvoir qui ne cherchait qu’à les exorciser ? De plus, cette ''filiation'' s’appuie souvent plus sur des à priori celtomanes des siècles derniers que sur des connaissances historiques sérieuses. Ainsi, il était en effet courant, encore au début du XXe siècle, de parler du ''Druide'' Jésus, de confondre Gaulois avec Galiléen ou Druidisme et Essenisme. Mais les connaissances historiques et linguistiques modernes, l’éclairage récent des sectes esseniennes par la traduction des manuscrits de la Mer Morte, devraient logiquement ruiner définitivement de telles assertions. Mais, il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre ...

Enfin, nous avons déjà vu qu’il existe des incompatibilités structurelles et irréductibles entre la doctrine monothéiste et toutes les formes de paganisme antique, Druidisme compris. Si certains Druides ont peut-être été plus monistes que d’autres (2), cette doctrine n’en est pas pour autant assimilable au monothéisme. Et ces incompatibilités feront toujours, aujourd’hui, comme hier, qu’un monothéiste ne sera pas en harmonie avec un egregore druidique historique.

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- Une filiation par la sorcellerie médiévale.

Elle supposerait une organisation secrète parfaitement cloisonnée qui aurait bravé l’Inquisition et traversé des siècles de persécutions sans disparaître. L’hypothèse est séduisante par son romantisme mais, malheureusement, irréaliste. Il est invraisemblable qu’un individu (et à plus forte raison un groupe) ait pu enseigner et pratiquer des rites hétérodoxes sans être dénoncé, arrêté, torturé et éliminé avec ses éventuels ''complices''.

 

- Where there is a will, there is a way (''là où il y a une volonté, il y a un chemin'')...

S’il n’y a pas, comme nous venons de le voir, de filiation matérielle historiquement vérifiable, l’Esprit trouve souvent des solutions originales et imprévues à des problèmes apparemment insolubles. De plus, n’oublions pas que les Dieux ont heureusement donné beaucoup d’imagination aux Celtes... Ainsi, le néo-Druidisme s’est parfois appuyé sur des Francs-Maçons. C’est ce qui semble s’être passé le 22 septembre 1717 avec John Toland et Pierre des Maiseaux. Cette initiative ne fut peut-être que le résultat d’initiatives individuelles car l’OBOD a ensuite vite renoncé au panthéisme anticlérical initial pour accueillir dans ses rangs des pasteurs anglicans ou des Franc Maçons christianisants. Pour autant que nous le sachions (3), la plupart des obédiences franc-maçonnes, si elles pratiquent un certain monisme (pas toujours relativiste), n’ont aucune sympathie ou même tolérance, pour le polythéisme dans lequel elles ne voient qu’une vulgaire superstition à jeter aux poubelles de l’histoire. Quant à leur condamnation du monothéisme, il ne s’agit le plus souvent que du rejet de certains de ses dogmes, certainement pas de sa doctrine principielle. Si le paganisme celto druidique n’a donc pas grand chose à espérer de ces Groupes sur le plan officiel, il en va tout autrement de certains de leurs membres qui peuvent avoir, à titre individuel, une vision plus large de la spiritualité, voire même des objectifs personnels rejoignant les nôtres, sur le plan culturel par exemple.

Enfin, il existe encore des traditions païennes contemporaines bien vivantes en dehors de l’Europe, comme le Chamanisme ou l’Hindouisme, qui sont souvent plus polythéistes que monistes. La première  présente des analogies indiscutables avec les religions préceltiques auxquelles s’est fondu le Druidisme antique, la seconde est la lointaine soeur du Druidisme du fait des migrations indo-européennes de l’âge du bronze.

A nous d’explorer ces portes entrouvertes en fonction de nos sensibilités individuelles. Il est encore trop tôt pour dire ce que peuvent donner toutes ces possibilités. Mais, dans notre vision du monde, il n’y a pas nécessairement une réponse unique et universelle à un problème, mais toute une série de solutions partielles et complémentaires même si elles peuvent parfois sembler contradictoires.

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Une hiérarchie sacerdotale druidique peut-elle exister en dehors d’une société celtique traditionnelle ?

Comme l’ont montré les travaux de G. Dumezil sur la tripartition des sociétés indo-européennes, donc dans le cas qui nous intéresse, de la société celtique, les Druides formaient la classe des prêtres, à côté de celle des guerriers et des producteurs. Cette tripartition donnait un déséquilibre dynamique avec rotation autour du centre divin. Le triskell que chacun connaît en est une des représentations symboliques, même s’il peut parfois être utilisé dans un autre contexte. Avec l’invasion romaine, le roi celtique est remplacé par des fonctionnaires romains ou des ''collaborateurs'' gallo-romains. Les sociétés initiatiques guerrières disparaissent, ou se transforment, hors du contexte celtique, par exemple en culte à Hercule ou Mithra. Les Druides voient disparaître un certain nombre de leurs prérogatives (enseignement, diplomatie, justice, etc.). Les pratiques cultuelles, elles, sont acceptées au nom de la tolérance païenne, dans la mesure où elles ne troublent pas la fameuse Paix romaine, et, surtout, n’impliquent pas de citoyens romains (4). Et, en empêchant le renouvellement de l’élite druidique, Rome condamne les Collèges à dépérir lentement. Si certains professeurs d’université à Bordeaux continuent à porter le titre honorifique de ''Druides'' et si des prêtres gallo-romains continuent à pratiquer un culte celtique jusqu’à la fin du IV° siècle, le ressort est brisé, le triscèle ne tourne plus sur lui-même. Et, en effet, après la conquête, l’aspect matériel des cultes et les pratiques superstitieuses prennent le pas sur la philosophie et la spiritualité. Le coup de grâce sera la christianisation forcée de l’Europe, la fermeture des derniers sanctuaires et l’interdiction de toute pratique religieuse ou philosophique hors du cadre monothéiste. Mais la disparition des Collèges et des Druides eux mêmes n’a pas pour autant supprimé, comme nous l’avons montré, les croyances religieuses ou philosophiques attachées aux religions druidiques. Une spiritualité ne se limite pas à des rites, des sanctuaires et des prêtres. Il y a aussi des croyances individuelles et surtout un égrégore immortel. Enfin, dans certaines régions ou à certaines époques, l’emprise chrétienne n’était pas totale. En témoignent certaines pratiques païennes interdites à plusieurs reprises par les conciles du VIIIe, IXe et Xe siècle.

Certains parlent dédaigneusement de simples pratiques superstitieuses populaires à propos de ces combattants de la liberté.  Mais, comment s’instruire quand les cultures antiques, celtique ou gréco-romaine, sont  niées et que toute curiosité hétérodoxe sent le fagot ? Tous ces ancêtres n’avaient peut-être pas le ''droit'' de porter le titre de Druide, leurs connaissances étaient sans rapports avec les Druides de l’âge d’or et, du fait des persécutions, leur niveau tant spirituel qu’intellectuel a baissé de siècle en siècle. Mais ils étaient là et ce courant spirituel a continué à exister plus ou moins clandestinement. Sans qu’il y ait eu de filiation historique valide, nos prédécesseurs se forgeaient, seuls, une croyance en mélangeant leur désir de liberté avec leur rejet du monothéisme et le peu de ce qu’ils savaient des Druides antiques.

Aujourd’hui, nous ne risquons plus notre vie à nous réunir, à publier des revues ou à avouer officiellement notre croyance religieuse ou philosophique. L’Inquisition n’existe plus et l’état laïc protège toutes les formes de croyance dans la mesure où elles ne sont pas contraires à l’ordre public (c’est la nouvelle ''Paix romaine'' !). C’est ce que proclame en tous cas l’article 18 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Dans notre reconstruction de la tradition druidique, nous sommes aidés par des chercheurs matérialistes, athées ou même chrétiens, dont les travaux fournissent chaque jour des arguments historiques, linguistiques ou archéologiques en faveur d’une spiritualité druidique païenne, parfois polythéiste, parfois moniste, jamais monothéiste.

Parmi ceux qui souhaitent renouer avec la spiritualité antique, beaucoup d’entre nous lui ont consacré une partie importante de leurs loisirs ou de leur retraite. S’ils avaient vécu dans l’antiquité, la plupart auraient été admis parmi les élèves des Druides et certains auraient peut-être atteint cette dignité. Du fait des persécutions de Rome et du christianisme, l’initiation traditionnelle n’existe plus et il faut reconstruire le Druidecht à partir de presque rien, l’adapter au monde moderne, sans bénéficier du soutien d’une filiation ou d’une initiation. Malgré tous ces handicaps, des générations de travaux cumulés, peuvent nous rapprocher petit à petit de la grandeur de notre tradition.

Autre problème contemporain, comme il n’y a pas de hiérarchie sacerdotale traditionnelle reconnue par tous, druidisants ou autres, nul n’a l’autorité nécessaire pour condamner certains hurluberlus dont les prétentions n’ont d’égale que leur ignorance, et dont l’activité est néfaste à l’ensemble de la Druuidiacto moderne.

Notre Collège est un de ceux qui tiennent compte de l’avis des historiens du Celtisme. Nous avions souvent quelques doutes de la validité de notre filiation médiévale (avant John Toland), même si ceux qui nous l’avaient transmis étaient sincères dans leur démarche. Nos convictions païennes nous empêchaient par ailleurs de nous soumettre à une transmission monothéiste. La plupart d’entre nous ont donc, volontairement et librement, renoncé à revendiquer le titre de Druide. Certains ne le conservant que par respects envers leurs initiateurs ou dans un souci de simplification sémantique.

Il est important de noter que notre position repose sur une réflexion collective  et sur des choix individuels librement consentis. Cette tendance n’a rien d’un oukase ou d’une bulle papale, elle n’a pas non plus pour objet de remettre en question les titres des amis que nous comptons dans d’autres Collèges. Dans une vision initiatique bien comprise, le respect est dû aux qualités de la personne, non à son titre ou à son grade.

Restait alors à trouver une autre appellation pour remplacer le titre de Druide.

Nous avons envisagé successivement ''Néo-Druide'', ''Druide contemporain'', ''Étudiant en Druidisme'', pour finalement lui préférer celui de Sanglier car, dans l’antiquité, les Druides se qualifiaient ainsi, comme nous l’avons vu précédemment. De plus, cet animal porte les noms de Marcassin, Tiers-an, Quartanier, Solitaire, selon son âge et ils peuvent être mis en parallèle avec les différents degrés de l’étudiant (première année, deuxième année, etc.). En vénerie, l’animal s’appelle Marcassin jusqu’à six mois, à trois ans, c’est un Tiers an, à quatre un Quartanier et, ensuite, c’est un vieux sanglier que l’on appelle Solitaire ou vieil Ermite. Sans compter qu’un vieux Sanglier apprenant à ses petits marcassins à se nourrir de gland sous un chêne est un symbole très parlant. Bien sûr, rien n’est parfait, l’appellation de Sanglier nécessite parfois quelques explications pour être compris, alors que celui de Druide est beaucoup plus facilement compréhensible par référence à Panoramix.

 

Notes

1- Les mots en ''isme'' ayant de nos jours des connotations négatives, il nous a semblé intéressant de rechercher un équivalent gaulois de la Druidechta irlandaise (''arts du Druide''). M. Monard nous a proposé Druuidiacto (ministère et action du Druide) et Druuidia  (connaissances et doctrines druidiques) .

2- Les Druides antiques ont été monistes ou polythéistes selon les approches et les témoins considérés. Chacun a donc une certaine marge d’interprétation personnelle, la Druuidia étant probablement un mélange des deux. Ainsi, personnellement, mon inclination viscérale et intuitive au polythéisme, est obligée d’accepter en complément l’hypothèse monisme en fonction d’un raisonnement rationnel et de certains témoignages historiques. D’autres membres de notre Collège suivent un raisonnement diamétralement opposé, partant du monisme, ils acceptent le polythéisme...

3- N’en ayant jamais fait partie à cause de nos croyances polythéistes (que nous refusons d’abjurer), nous ne pouvons juger leurs objectifs que d’après une documentation indirecte essentiellement exotérique.

4- Très vite, les membres de l’aristocratie et de l’intelligentsia gauloise obtiendront la citoyenneté romaine. Cadeau empoisonné bien calculé qui, en quelques générations, coupera la classe sacerdotale druidique de l’élite celtique.

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14/01/2015
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