Mes bois
Mes bois
Forêts de mon pays, sources à l'ombre, feuilles
Bruissantes au moindre vent,
Retraites d'écureuils, abris d'oiseaux fervents,
En vous mes songes se recueillent.
Dans mon coeur ombragé de ses mélancolies,
En gouttes de flamme, au matin,
Jusqu'au gazon mouillé filtre le soleil fin,
Que les violettes supplient.
Par toutes vos senteurs, vos parfums, vos murmures,
Par vos frissons toujours nouveaux
De plantes, d'ailes, d'élytres, de fines eaux,
De bourgeons ouverts, de rainures,
Vous m'avez enseigné les songes éperdus,
Le vertige d'amour suprême;
Mes désirs ont été la ruche qui essaime
Vers vos ombrages attendus.
Là, toute femme est nymphe ou déesse.
Vous fûtes
Les tendres complices du Sort.
Avec vous je perdais l'angoisse de la mort,
Le souci cuisant des minutes.
O grands bois indulgents, vous incliniez sur nous
Vos têtes qui sèment de l'ombre.
L'amour a fui.
Au creux de vos retraites sombres,
Mes songes restent à genoux.
Philéas LEBESGUE
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